On a testé le Mémorial de Verdun (55)
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  • Description
  • Lieu & Horaires
  • Tarifs
  • Créé en 1967, comme un lieu de mémoire pour les combattants de la Première Guerre Mondiale, le mémorial ferme en 2013 pour subir un lifting relativement important. Il rouvre ses portes en février 2016, à l’occasion du centenaire de la bataille de Verdun. Axé sur le témoignage, à la manière d’un musée américain, ce mémorial a réussi sa mutation, en offrant une scénographie qui immerge le visiteur dans l’atmosphère des tranchées sans tomber dans l’horreur. Voyage au bout de l’enfer...

    Ce qu’il faut savoir

    La bataille de Verdun (en réalité, il y en a eu deux) se déroule durant la Première Guerre Mondiale, entre le 21 février et le 19 décembre 1916 (puis entre le 20 août et le 19 septembre 1917). Cette première bataille, celle qu’aborde le Mémorial, est menée par le Général Joffre et débouche sur une victoire française. Les spécialistes estiment qu’environ 70% des poilus engagés dans la guerre sont passés par Verdun. Les pertes sont considérables : 700 000 morts, 362 000 soldats français et 337 000 allemands tombèrent, soit une moyenne de 70 000 victimes par mois.

    Une véritable boucherie dûe au fait que les troupes françaises réussissent à arrêter l’armée allemande sur le front de Verdun. Le conflit s’y enlise, et chacun tentera une percée dans le camps de l’autre.Cette configuration fait de Verdun le symbole de la résistance française. Des récits annexes, comme l’épisode des tranchées des Baïonnettes, viennent renforcer sa célébrité, donnant naissance au mythe de Verdun qui perdurera bien après la fin de la guerre. 

    A l’issue du conflit, des écrivains, comme Maurice Genevoix, ancien soldat blessé, poète puis académicien, ressentent le besoin de parler de ce qu’ils ont vu sur ce front. Ils témoignent des violences de la guerre, du quotidien des soldats et des traumatismes que gardera une génération qu’ils jugent sacrifiées. En octobre 1960, un comité, mené par Genevoix, souhaite construire un mémorial pour les victimes de Verdun. Il se regroupe en une association, qui est reconnue d’utilité publique en 1962. Une souscription nationale est lancée. Le lieu retenu pour la construction correspond à l’ancienne gare de Fleury-devant-Douaumont, un des villages détruits pendant la guerre. A la mort du dernier poilu en 2008, il est décidé de moderniser le musée, qui ne répondait plus aux nouveaux enjeux pédagogiques, et pour y intégrer la vision du conflit côté germanique.


    Préparer sa visite

    Le Mémorial de Verdun se situe à Fleury-devant-Douaumont, à quelques kilomètres de Verdun. Les horaires diffèrent en fonction des saisons, mais retenez que le mémorial est toujours ouvert entre 9h30 et 17h et fermé de fin décembre à fin janvier.Il y a un office du tourisme dans l’établissement, au rez-de-chaussée, ce qui permet d’obtenir les informations sur les sites environnants et de pouvoir poser ses questions.

    Voici quelques possibilités pour compléter la visite du mémorial:

    • - les sites du champ de bataille, avec l’Ossuaire de Douaumont (qui abrite 130 000 corps de soldats français et allemands, payant)
    • - le fort de Douaumont (pris par les allemands) et le fort de Vaux (lieu de la résistance française) (payants billet jumelé pour les deux sites)
    • - les villages détruits, dont celui de Fleury-devant-Douaumont (gratuit)
    • - la tranchée des Baïonnettes (lieu le plus symbolique, gratuit). 
    • - la ville de Verdun et son Centre Mondial de la Paix (payant), son monument de la Victoire (gratuit) ou la citadelle souterraine (payant). 

    La ville est d’ailleurs très agréable et à mille lieues des horreurs qui se sont déroulés dans ses alentours.

    Mémorial, Verdun, Grande Guerre, 14-18Le Monument de la Victoire à Verdun (oui ce sont des escaliers que vous voyez de part et d’autre de la gerbe centrale)

    Les sites du Champ de Bataille sont bien aménagés, ce qui rend la visite possible par tout temps, sauf fortes pluies. Si vous ne vous aventurez pas dans la forêt, aucune chaussure spécifique n’est à prévoir, excepté les talons haut. Pour les repas, vous avez le choix entre la cafétéria du musée, qui propose des sandwichs et des paninis classiques, un restaurant qui se trouve sur la route qui conduit du Mémorial à l’Ossuaire ou rejoindre la ville de Verdun. Évitez de pique-niquer sur l’ensemble du site. 


    Venir au Mémorial

    Le Mémorial est situé sur les hauteurs de Verdun. L’idéal est de venir en voiture, des parkings sont d’ailleurs aménagés tout au long du parcours. Il vous faudra alors suivre le panneau Champ de Bataille

    Mémorial, Verdun, Grande Guerre, 14-18Panneau indiquant un lieu visitable

    Nous vous déconseillons de tenter un parcours à pied en longeant la route, il y a beaucoup de circulation et le chemin n’est pas matérialisé. Il est cependant possible de le faire par la forêt, mais il vaut mieux avoir des cartes spécifiques (sans quoi vous dormirez avec les loups). Les lieux peuvent vous paraître proche, surtout depuis la terrasse du musée, mais il n’en est rien. Si vous optez pour le train, il existe deux navettes au départ de la gare de Verdun qui fait plusieurs arrêts sur différents sites

    Mémorial, Verdun, Grande Guerre, 14-18Navette des Hauts-Lieu 14-18

    Le Mémorial et ses collections

    Rouvert après rénovation en 2016, le Mémorial est entièrement accessible aux personnes à mobilité réduite, mais ne propose pas la gratuité. L’ensemble des panneaux est rédigé en trois langues (français, anglais, allemand) et il est possible de faire une visite guidée, si on réserve à l’avance dans la section aide à la visite du site. 

    L’extérieur du bâtiment plonge directement le visiteur dans l’ambiance du lieu. Le Mémorial ressemble à un bunker, semi-enterré et extrêmement sobre. L’intérieur se divise en trois niveaux : le rez-de-chaussée, qui reconstitue le champ de bataille ; le second niveau, qui analyse l’environnement de la bataille en traitant des thèmes de la permission, du soutien d’une nation à ses soldats, de la place des femmes dans la guerre et des exploits que connaît la médecine à cette période ; le troisième niveau est composé d’une cafétéria, d’une terrasse et d’un espace pour les expositions temporaires.Hormis ce troisième niveau, le bâtiment est plongé dans la pénombre, rendant ainsi la visite particulière pesante et marquante.

    Mémorial, Verdun, Grande Guerre, 14-18Le rez-de-chaussé du Mémorial

    A l’entrée du Mémorial, une vidéo rappelle l’origine du conflit, et comment il s’est étendu au continent européen, bien que le musée soit axé sur le conflit franco-allemand. Les panneaux balayent dès le départ l’ensemble du conflit, avant de laisser le visiteur dans la tranchée, au cœur de la guerre.

    Mémorial, Verdun, Grande Guerre, 14-18

    Le parcours est ponctué d’objets généralement exposés dans les musées, comme des tableaux, des dessins, des lettres de soldats, des costumes, des armes, des drapeaux et des médailles. Petite parenthèse: il n’y a pas de dogtag dans les collections, tout simplement car contrairement à ce qu’on pourrait croire, ces plaques nominatives n’apparaissent aux États-Unis qu’au moment de la Seconde Guerre Mondiale).

    Mémorial, Verdun, Grande Guerre, 14-18Boire et se nourrir pour survivreMémorial, Verdun, Grande Guerre, 14-18Téléphone de la campagne réglementaire - Le Las, type TM 16, France

    Le second niveau propose des objets plus surprenants et beaucoup moins connus, comme les douilles d’obus sculptés. On retrouve aussi une liste qui diffuse le nom des personnes disparues et recherchées par un proche… des listes qui font terriblement penser à celles qui défilent sur les réseaux sociaux après les attentats de novembre 2015…

    Mémorial, Verdun, Grande Guerre, 14-18Une nation à la recherche de ces disparus

    Quelques objets rappelle que la propagande reste au cœur de la guerre, afin de s’assurer le soutien des citoyens.Mémorial, Verdun, Grande Guerre, 14-18Théâtre miniature, France, Collection Diors, Dépôt du Conseil Départemental de la Meuse

    C’est surtout la dernière partie du second niveau, consacrée à la médecine, qui laisse sans voix, tant il nous est difficile d’imaginer telles mutilations. La fin de la Grande Guerre sera d’ailleurs le point de départ à une nouvelle discipline : la chirurgie esthétique pour réparer ces soldats défigurés. Si vous ne connaissez pas le film, la Chambre des Officiers, nous vous conseillons d’y remédier.

    La visite s’achève, et nous avons mesuré tout le poids du terme de générations sacrifiées décrites par Maurice Genevoix.


    La scénographie

    C’est dans le premier niveau que la scénographie est particulièrement saisissante, en reproduisant l’environnement direct des soldats : la tranchée. En faisant évoluer le visiteur sur des plaques de verre, il se retrouve à vivre le quotidien des poilus, en pataugeant dans la boue, entouré d’obus, de déchets, vivant avec les rats, l’humidité et la saleté. L’ambiance est sombre, pesante et difficilement inconcevable. L’espace est construit en barrant la vue du visiteur, lui laissant la même visibilité qu’aux poilus, sans savoir ce qui se passe à quelques mètres de lui. 

    Mémorial, Verdun, Grande Guerre, 14-18Le visiteur devient un soldat dans la tranchée

    D’ailleurs l’ensemble du site tourne autour du caché, de l’inconnu, du courage pour avancer vers les espaces. Ainsi, il faut ouvrir les tiroirs pour voir ce qui s’y trouve, il faut regarder dans la lunette pour voir les photos, il faut déplacer une douille pour entendre les conversations secrètes de l’ennemi. Le parcours n’est pas linéaire, on va et vient comme dans un labyrinthe pour découvrir toutes les salles.

    Mémorial, Verdun, Grande Guerre, 14-18Un tiroir renfermant des documents

    Mémorial, Verdun, Grande Guerre, 14-18Voir la guerre dans des jumelles

    Ce niveau est ponctué de témoignages retranscrits ou lus, à la manière d’un musée américain, et notamment celui du 11 Septembre. Ils nous interpellent, amplifient notre effroi et nous ralentissent dans notre progression. 

    Mémorial, Verdun, Grande Guerre, 14-18

    Le bruit environnant nous plonge dans l’horreur de la guerre. La visite n’a rien de reposante, le musée se vivant et le calvaire ne semblant jamais s’arrêter.

    Mémorial, Verdun, Grande Guerre, 14-18Écran diffusant des images de guerre

    Une expérience qui reste profondément marquante.


    Les sites environnants

    L’ensemble des lieux de mémoire est bien indiqué et très bien expliqué, grâce à des panneaux clairs mais uniquement en français… Les forts de Vaux et Douaumont proposent des visites guidées, dont des visites adaptées pour les enfants, conduites par la mascotte Vadrouille la Grenouille.  


    Le village détruit de Fleury-devant-DouaumontMémorial, Verdun, Grande Guerre, 14-18Mémorial, Verdun, Grande Guerre, 14-18Mémorial, Verdun, Grande Guerre, 14-18

    L’Ossuaire de Douamont : crypte et cimetière librement accessibleMémorial, Verdun, Grande Guerre, 14-18

    La Tranchée des BaïonnettesMémorial, Verdun, Grande Guerre, 14-18

    Mon avis

    Il est généralement difficile de parler d’une guerre, surtout à un public qui ne l’a pas vécu et encore plus à une population qui vit désormais dans la paix. Nous avons tous abordé le sujet à l’école, mais sans que cela soit vraiment marquant, car nous ne pouvons plus nous imaginer l’horreur qu’est la guerre. Le Mémorial réussit à nous transporter dans ce monde. Le temps s’arrête et, plus que de long discours, la visite marque vraiment, même si il y a trop de panneaux à lire. Mais en ne choisissant que d’en lire certains, la visite reste une vraie expérience. Alors si votre enfant étudie la guerre à l’école, plutôt que de le laisser appréhender une guerre à travers des dates, emmenez-le au Mémorial.




    http://memorial-verdun.fr/

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Mémorial_de_Verdun

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Verdun_(1916)

    Guide Pratique de votre séjour, Verdun 2016, disponible à l’Office du Tourisme du Mémorial.

  • Horaires

    Tous les jours :

    • du 22 février au 31 mars 2016 : de 9 h 30 à 17 h, jusqu’à 18 h 30 les samedis et dimanches ;
    • du 1er avril au 13 novembre 2016 : de 9 h 30 à 19 h ;
    • du 14 novembre au 23 décembre 2016 inclus : de 9 h 30 à 17 h.

    Fermé du 23 décembre 2016 à fin janvier 2017.

  • Tarif plein : 11€

    Tarif réduit : 7€

    Tarif famille : 25€

    Autres tarifs et conditions ici

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