[Réactualisation saison 3] Victoria: on zappe ou on mate?
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  • Description
  • Diffusée à la rentrée 2016 sur la chaîne anglaise ITV, la série Victoria s’est installée sur la case horaire laissée vacante par l’arrêt de Downton Abbey, dont nous connaissons tous le succès. Le pari était donc de trouver une série similaire, qui pourrait rassembler les anglais et plaire aux télévisions étrangères.  ITV a, de ce fait, choisi un programme dans le même esprit et dans la même thématique : la monarchie anglaise, en mettant à l’honneur l’une de ses reines les plus connues : Victoria. Une initiative sans risque, sauf que la série est une très bonne surprise.

    Synopsis

    Dans la 1ere saison, découpée en 8 épisodes, la série retrace le parcours de la reine Victoria, de sa nomination en tant que reine à la naissance de son premier enfant.

    Qui est Victoria ?

    Alexander Bassano — Scanned from the book The National Portrait Gallery History of the Kings and Queens of England by David Williamson, ISBN 1855142287, p. 153. File:Queen Victoria by Bassano.jpg Création : 1 janvier 1887

    Née Alexandrina Victoria le 24 mai 1819 et morte le 22 janvier 1901, elle devient reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande à ses 18 ans. Second règne le plus long dans l’histoire de la monarchie anglaise (63 ans), Victoria va restituer son prestige à l’Angleterre et fortifier l’Empire britannique, au point de devenir Impératrice et reine des Indes, du Canada et d’Australie. Elle ouvre également la période victorienne, propice pour les arts et les travaux d’aménagement urbain, portant le royaume à son apogée. Souvent surnommée la « Grand-mère de l’Europe », car elle placera ses 9 enfants dans toutes les cours royales, elle est également à l’origine de la diffusion de l’hémophilie dans les familles princières européennes. La reine a également laissé son nom à un type de rosiers, très sensibles aux tâches noires (décidemment). 

    Victoria est la fille du prince Edouard Auguste de Kent, quatrième fils du roi Georges III, mort en 1820, et de la princesse Victoria de Saxe-Cobourg-Saalfed, d’origine allemande. Cette dernière avait déjà deux filles d’une précédente union, et la reine sera assez proche de ses demi-sœurs. Victoria ne s’entend cependant pas avec sa mère et le conflit atteint son apogée lorsque la princesse de Kent, veuve, a une relation avec le contrôleur de gestion, John Conroy.

    En 1820, le roi Georges III meurt et l’oncle de Victoria, Georges IV montre sur le trône. Sans héritier, Victoria est nommée princesse présomptive et sa mère régente du royaume. La princesse de Kent rédige alors un protocole très rigide, qui contraint beaucoup la future reine. Elle tisse alors une relation forte avec son chien, Dash.

    En 1836, le frère de sa mère, le roi des Belges Léopold, souhaite marier son neveu à sa future reine. On sait grâce à son journal intime que Victoria apprécie son cousin, mais elle ne l’épousera qu’en 1840, après être monté sur le trône. Ce journal indique aussi que la reine était très éprise de son époux, mais il semblerait que celui-ci n’est pas été réciproque, tout du moins au début de leur relation.

    Victoria

    Victoria monte sur le trône en 1837, un mois après la mort du roi, à ses 18 ans, et est couronnée quelques mois plus tard, en 1838. Inexpérimentée, elle est encadrée et initiée à la fonction royale par le premier ministre, Melbourne. Elle fera ensuite beaucoup confiance à sa gouvernante, la baronne Louise Lehzen. Son règne fut mouvementé, et plusieurs scandales éclateront, affectant sa notoriété, notamment la rondeur abdominale de Flora Hasting, le scandale de la chambre à coucher, lorsque la reine refusa de changer de femmes de chambre. Mais la (première) tentative d’assassinat dont elle est victime, la rendra incroyablement populaire.

    Les personnages-clefs mentionnés rapidement dans la série :

    Dans la série, on entend parler à plusieurs reprises de la folie de George III. Roi de 1760 à 1820, prince-électeur de Hanovre, George III souffre à la fin de sa vie d’aliénation mentale, tout d’abord ponctuelle puis permanente à partir de 1810, à la suite d’une crise importante, obligeant son fils George IV à instaurer une régence. Aujourd’hui, les scientifiques pensent que le souverain souffrait d’une porphyrie ou d’une psychose maniaco-dépressive.

    Le souvenir de la mort en couche de la princesse Charlotte hante Victoria dans ses derniers mois de grossesse. Fille du futur George IV, héritière du trône d’Angleterre derrière son père, elle épouse le prince Léopold, futur roi des Belges et frère de la mère de Victoria. Charlotte décède la nuit suivant son accouchement à l’âge de 21 ans, après avoir donné naissance à un fils mort-né. Le pays sera très affecté par sa disparition. La course à la succession repris, et tous les princes encore célibataires se marièrent dans la foulée, dont le père de Victoria.

    La visite du Roi de Hanovre à la cour de la reine Victoria relance les tensions liées à la succession. Pour comprendre ces tensions, il faut comprendre qui sont les Hanovre. Issus de la maison Welf, ils occupent le duché de Brunswick, en Allemagne actuelle. En 1692, Ernest-Auguste de Hanovre devient électeur du Saint-Empire germanique, transmettant ce titre à ses descendants. En 1814, George III, héritier de Ernest-Auguste, érige le duché en royaume et en devient le roi. Le Hanovre reste ainsi lié à la couronne anglaise jusqu’en 1837, lorsque la reine Victoria monte sur le trône. De tradition germanique, le petit royaume est soumis à la loi salique (c’est-à-dire qu’une femme ne peut pas monter sur le trône) et passe donc dans les mains du duc de Cumberland, neuvième enfant de George III, oncle de Victoria. Les Hanovre sont finalement chassés en 1866, lors de sa conquête par la Prusse.

    Ce qui fonctionne

    La reine Victoria tenait un journal intime, dans lequel elle s’étendait très largement sur ses sentiments. La période est également riche historiquement, ce qui a permis aux producteurs d’avoir une très bonne base de travail et de rester assez fidèles à la réalité. Ainsi, la série est assez précise, même si bien-sûr, il y a quelques arrangements historiques.

    Victoria réussit à balayer efficacement cette première partie de règne. Les personnages sont justes, notamment celui du prince Albert, dont on sait qu’il a du mal à s’imposer. L’omniprésence de Dash et la rigueur de la princesse de Kent sont palpables. On apprécie de voir grandir la petite Victoria sous nos yeux pour se transformer en la Reine que nous connaissons tous (plus ou moins bien). Il y a des petits renvois à la série Downton Abbey, peut-être un peu trop, et chacun appréciera le parallèle fait lors du discours d’Albert avec le film Le Discours d’un roi. La musique allie tradition et modernité et rend bien hommage à ce que fut la reine Victoria.

    L’atmosphère est assez bien retranscrite et on aime les clins d’œil aux évènements historiques, comme la deuxième pandémie de choléra ou la lutte contre l’esclavagisme, ou des sujets sociétaux, tels que la pauvreté et la prostitution des employées.

    La série est captivante et c’est un vrai plaisir de la regarder.

    Ce qui ne marche pas

    Si les faits historiques abordés ont bien eu lieu, pour rester attractive, les producteurs ont choisi de faire des accélérations. On a donc l’impression que le programme se concentre sur une petite année, alors qu’il s’en écoule 4. 

    Pour utiliser sur les téléspectateurs de Downton Abbey, la série a également fait le choix de rester sur un format similaire, qui a tendance à beaucoup plus plaire à la gente féminine. Sans rentrer dans un débat sur les clichés, on ajoutera que le traitement cérébral des personnages et l’absence de violences dans la série risquent de beaucoup plus séduire la princesse qui sommeille au fond de nous. Un peu de douceur royale dans ce monde de brute.

     Mon avis

    Même si la série a fait le choix de cibler un public féminin et de conserver le format du programme phare de la chaîne anglaise, Victoria est une vraie réussite. Elle est juste historiquement et le traitement des personnages, qu’on voit évoluer devant nos yeux, rend la série fascinante. On aime voir Albert s’imposer, Victoria doutée et les « méchants » échoués.

    On mate (et on tente de convertir son homme!)

    Saison 2

    Synopsis

    9 épisodes, dont un spécial Noël, qui retracent 6 années de règne, entre 1840 et 1846. 


    Personnage central dans la saison 2

    Ernest II de Cobourg

    Déjà présent dans la première saison, le roi de Saxe-Cobourg et Gotha prend une place particulière dans cette seconde saison, notamment à cause de son histoire d’amour avec la duchesse de Sutherland.

    Né en 1818, il est le frère aîné d’Albert, né un an plus tard. Les deux princes grandiront ensemble et resteront toujours proche l’un de l’autre.

    En 1824, les parents d’Ernest et Albert divorcent et sa mère est interdite de séjour au Cobourg et de contact avec ses deux enfants. Son père se remariera avec une cousine quelques années plus tard, sans postérité.

    Après une brève carrière militaire, Ernest épouse en 1842 la princesse Alexandrine de Bade, avec qui il n’aura pas d’enfants. Deux ans plus tard, son père, le roi Ernest Ier, décède et Ernest lui succède. Homme aux idées libérales, il entretient de liens étroits avec les Etats-Unis et avec les princes germaniques, qui souhaitent tout comme lui l’unification de l’Allemagne.

    Le roi est aussi volage, souffre de maladies vénériennes et d’alcoolisme, ce qui choque et exaspère son frère. Il meurt en 1893 et laisse le trône à son neveu, Alfred, le quatrième enfant de Victoria et Albert.

    Ce qui marche

    La série reprend en 1840 alors que Victoria est déjà mère. On retrouve la justesse dans l’interprétation du couple royal : Albert peine encore à s’imposer mais Victoria a gagné en maturité, en trouvant un équilibre entre reine, femme et mère.

    La série s’appuie toujours sur des faits historiques : le séjour au Château Balmoral en Ecosse, qui marquera le couple, à tel point que Albert l’achètera pour Victoria en 1848. La visite à la cour de France (bien que l’épisode soit plein de cliché), la crise du mildiou de la pomme de terre en Irlande et l’abolition des Corn Law (taxe sur le blé) sont des évènements véridiques.

    Les décors, les costumes et les petits détails de la vie de l’époque permettent à la série de rester divertissante.

    On retrouve donc avec plaisir les personnages, toujours aussi attachants.

    Ce qui ne marche pas

    La saison 2 couvre les années 1840 à 1846. Une période longue, résumée en seulement 8 épisodes avec forcément des éclipses (les conflits), des évènements traités superficiellement (l’homosexualité) et des postures qui se répètent (Victoria et Albert se disputent sur un sujet puis tombent d’accord). Le nombre d’enfants royaux augmente sans que la Reine n’accouche, les crises se limitent à un épisode, comme si elle sortait de nul part et disparaissait en un claquement de doigt.

    Cette saison marque également un tournant dans la narration. La série glisse vers l’histoire romancée, qui devient plus centrale. Chaque événement historique est prétexte à un nouveau rebondissement entre Victoria et Albert et plusieurs personnages ou intrigues sont éclipsés au profil de leur love story, sans parler des autres loves story (Ernest et Harriet en particulier).

    La série semble donc se rapprocher de plus en plus de Downton Abbey. Un épisode de Noël (sur le même modèle que ceux de Downton Abbey) achève d’ailleurs  la saison. Et pour ceux qui se demandent si l’histoire de Sarah est véridique, il faut cliquer ici.

    On continue à mater pour les acteurs, personnages, l’ambiance et les love story (car oui j’aime les histoires d’amour, même contrariées).


    Saison 3

    Alors que RMC Story vient de diffuser la première saison de la série Victoria, outre Manche, c’est la troisième saison qui est de retour. 8 nouveaux épisodes, qui restent dans la continuité des précédentes saisons : un peu histoire, pour un récit très romancée. Mais l’ensemble reste toujours aussi agréable à regarder.

    Synopsis

    1848, les idées socialistes gagnent l’Europe. En France, Louis-Philippe est détrôné et la République rétablie. En Angleterre, la Monarchie est ébranlée par cette crise, mais réussit à se maintenir en place. La famille royale encourage le changement et le progrès en s’ouvrant aux revendications sociales et à la recherche scientifique, qui conduira jusqu’en 1851 avec l’Exposition Universelle de Londres.

    Personnages centraux dans la troisième saison

    Deux nouveaux personnages se démarquent dans cette nouvelle saison : la princesse Feodora et le secrétaire des Affaires Etrangères, Lord Palmerston.

    Feodora ou Théodora de Leiningen (1807-1872)

    Demi-sœur de Victoria, Anne Théodora, aussi appelée Feodora, incarne la méchante dans cette saison, en tentant de séparer le couple royal. La princesse, née en Allemagne, passe une partie de son enfance en Angleterre, lorsque sa mère épouse l’un des héritiers au trône britannique, le père de Victoria. Après son mariage avec un prince allemand, Feodora passera l’essentiel de sa vie dans son pays natal. Elle a entretenue une correspondance étroite avec sa sœur, et a dédié sa vie aux enfants pauvres, malades ou abandonnés.

    Lord Palmerston (1784-1865)

    Henry John Temple, 3eme vicomte de Palmerston, est un homme politique qui occupera plusieurs fonctions au sein du gouvernement au cours de sa carrière politique. Initialement membre du parti conservatisme, il va au fil des décennies glissées vers des idéologies libéralisme. Originaire d’une famille irlandaise, Palmerston passera très peu de temps sur la terre de ses ancêtres. D’abord secrétaire de la Guerre (1809-1828), il deviendra ensuite Secrétaire aux Affaires étrangères (1830-1841 puis de 1846 à 1851). Il est en autre connu pour être impliqué dans l’Incident Don Pacifico en 1850, qui brouillera l’Angleterre avec la Russie.

    Ce qui marche

    Comme pour les saisons précédentes, la série joue sur la relation entre Victoria et les autres (son époux, sa famille et son peuple). Seule contre tous, la Reine peine une nouvelle fois à maintenir ses fonctions d’épouse, de mère, de sœur et de reine. L’Angleterre adhère aux idées des Chartistes, (socialistes), une crise politique annonce les futures tensions avec les colonies, et une nouvelle épidémie de choléra rappelle que le pays est encore en voie de développement. Les avancées médicales et l’innovation technologiques s’amorcent dans ce vieux monde, qui peine à vouloir changer.

    Une reine toujours aussi perdue, et un prince toujours à la recherche d’un rôle et d’une reconnaissance, comme le montre les épisodes pour la chair de chancelier de l’Université de Cambridge et celui pour la réalisation du Crystal Palace pour l’Exposition Universelle de 1851.

    Dans cette troisième saison, on retrouve un récit équilibré, de belles images, de beaux costumes et des clins d’œil à la grande et à la petite Histoire.

    Ce qui ne fonctionne pas

    Sans intégrer de véritables nouveautés, cette troisième saison glisse indéniablement vers un remake de Downton Abbey. La famille royale passe au second plan pour se concentrer sur le peuple anglais et les proches de la reine. Ce nouveau point de vue ne nous a pas vraiment emballé. L’époque est riche, la reine a laissé une correspondance, et sans enlever forcément ces récits annexes, cette saison aurait pu renouer avec le caractère historique.

    On mate, toujours pour le divertissement, et moins pour la véracité historique



    Sources

    https://www.herodote.net/Victoria_1819_1901_-synthese-595.php

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Victoria_(série_télévisée)

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Victoria_(reine

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Royaume_de_Hanovre

    https://fr.wikipedia.org/wiki/George_III_(roi_du_Royaume-Uni)

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Charlotte_de_Galles

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Ernest_II_de_Saxe-Co...

    https://it.wikipedia.org/wiki/Ernesto_II_di_Sasson...

    http://www.critictoo.com/critiques-serie-tv/victor...

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Théodora_de_Leiningen

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Henry_John_Temple

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