[Réactualisation saison 5] The Crown: on zappe ou on mate?
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  • Description
  • Diffusée depuis le 4 novembre 2016 sur Netflix, The Crown est, jusqu’à présent, la plus chère des séries produites par l’entreprise, avec un budget estimé à 117 millions d’euros. La première saison, qui comporte 10 épisodes d’une heure, a été très bien accueillie par la critique et récompensée au Golden Globe 2017 dans la catégorie meilleure série dramatique et meilleure actrice pour Claire Foy, qui interprète Elisabeth II. La seconde saison est en cours de tournage, et 4 autres sont prévues. Plutôt lisse, la série ne prend pas vraiment de risque, ce qui permet à Netflix de voir sa création originale plaire à tout le monde.

    Synopsis
    La série est un biopic sur la reine Elisabeth II d’Angleterre. La première saison s’étale sur une dizaine d’année, de 1947, date de son mariage avec le prince Philip, à 1956 et la crise de Suez.

    Qui est Elisabeth II ?
    Inutile de revenir sur sa célébrité, son record sur le trône anglais et son goût vestimentaire, la reine d’Angleterre est l’une des personnes les plus médiatisées au monde, à tel point que même de l’autre côté de la Manche, nous savons tous de ses faits et gestes. Ce que nous connaissons peut être moins, c’est sa biographie.Née le 21 avril 1926, Elisabeth doit son accession au trône à un coup du destin. En effet, c’est son oncle, Edward, qui doit monter sur le trône. Mais en 1936, à la mort de George V, le futur roi entretient une relation amoureuse avec Wallis Spencer, une américaine deux fois divorcée. Un mariage entre eux est alors inenvisageable, car contraire à la constitution des mariages royaux de 1772. Edward refuse cependant de quitter Wallis et abdique, en faveur de son frère, Albert, qui monte sur le trône sous le titre de George VI. La petite Elisabeth devient donc, à 10 ans, héritière présomptive au trône (présomptive car si ses parents avaient donné naissance à un garçon, c’est lui qui serait devenu roi) et suit une formation spécifique pour répondre à ses futures fonctions.Durant la Seconde Guerre Mondiale, Elisabeth souhaite participer à l’effort de guerre, mais ses parents refusent. Tanné par la jeune princesse à de nombreuses reprises, George VI finit pas accepter et Elisabeth rejoint en 1945 les auxiliaires féminins de l’armée de Terre, où elle apprendra à réparer les voitures et conduira une ambulance (comme le souligne Churchill dans l’un des épisodes). Le reportage d’époque est juste là : 

    En 1947, elle épouse son cousin germain, le prince Philip, dont elle est amoureuse depuis ses 13 ans, lors d’une cérémonie retransmise sur la BBC et marquée par un effort budgétaire. Cette union a été très mal accueillie par les lords anglais, qui auraient préféré un prince insulaire. De ce mariage vont naître 4 enfants, dont Charles et Anne, en 1948 et 1950. Entre 1949 et 1951, les époux vivent à plusieurs reprises à Malte, où Philip est en mission en tant qu’officier de la Royal Navy.La dégradation de l’état de santé du roi George VI oblige le couple à rentrer définitivement en Angleterre en 1951. A l’automne de la même année, Elisabeth commence à honorer les rencontres officielles à la place de son père.George VI décède le 6 février 1952, alors qu’Elisabeth et Philip sont en voyage diplomatique au Kenya. Elle choisit alors de régner sous son nom de naissance, Elisabeth et est couronnée le 2 juin 1953 durant une cérémonie retransmise à la télévision, comme l’avait conseillée le prince. Les débuts de son règne sont marqués par la rébellion de sa sœur, qui veut se marier avec le colonel Townsend, les coups d’Etat dans les pays du Commonwealth pour leur indépendance et les tensions avec Churchill. Des aléas historiques qui ne seront pas les seuls.


    Qui est le prince Philip ?
    Né le 10 juin 1921 à Corfou, le prince Philip, devenu duc d’Edimbourg peu avant son mariage, appartient à la famille royale de Grèce et du Danemark. Il est d’ailleurs parent avec la reine Sofia d’Espagne : le grand-père de la reine était le frère du père du prince.L’histoire de la monarchie de Grèce est un peu compliquée. Elle nait en 1833 avec Othon Ier de Grèce, de la maison Wittelsbach, basée en Bavière. C’était initialement le futur roi de Belgique, Léopold Ier qui devait monter sur le trône hellénique, mais il refusa avant d’accepter celui belge. En 1862, la monarchie grecque est destituée et c’est la famille royale du Danemark qui s’empare de la couronne. Georges Ier de Grèce devient roi et épouse la Grande Duchesse de Russie. Encore régnante lors du mariage du prince Philip, ce qui l’oblige à abandonner ses titres (et donc les droits sur le trône), cette monarchie hellénique disparaît en 1973.Dans un des épisodes, Philip dit que sa famille a perdu trois trône depuis le début du XXe siècle : celui de Grèce (pourtant encore en place mais très instable), celui des Romanov et celui de la famille Wetton, à la tête des royaumes de Saxe (disparu en 1918), de Bulgarie (1903) et du Portugal (1910). Philip est cousin au 8e degré avec Elisabeth par la reine Victoria. Leur cérémonie de mariage, diffusée par le BBC, rassemblera 200 millions de spectateurs dans le monde, à une époque où il faut le rappeler, la télévision n’était pas aussi répandue. Le prince jouera un vrai rôle dans la popularité actuelle de la famille royale anglaise, grâce à ses idées modernes.Petite anecdote : il est vénéré comme une divinité apparentée aux esprits du volcan Yasursur l’île de Tanna au Vanuatu.


    Qui est Margaret ?
    De 4 ans la cadette d’Elisabeth, la princesse Margaret est très proche de sa sœur. Elle est aussi très rebelle, comme le sont souvent les seconds nés des familles royales. Elle tombe amoureuse du colonel Peter Townsend, un roturier. Ce n’est néanmoins pas cette position qui pose problème à sa famille ,car il avait été écuyer du roi George VI, mais le fait qu’il est divorcé. Les conseillers demandent alors à la princesse d’attendre ses 25 ans, puis de renoncer à ses titres, ce qu’elle refuse, connaissant la haine éprouvée par sa famille à l’égard d’Edward et de son abdication par amour. Elle finit par abandonner son histoire d’amour avec le colonel. Déçue et sans doute malheureuse, elle se rapprochera des milieux de la jet-set et du rock, en profitant pour tester certains produits illicites.

    Qui est Edward ?
    Premier fils de George V, Edward, prince présomptif, était relativement mal-aimé par son père, qui lui préférait très largement son frère, comme il le confia a un courtisan : « Je prie Dieu que mon fils aîné [Edward] n’ait jamais ni femme ni enfant, et que rien n’empêche Bertie et Lilibet d’accéder au trône ». Déclaration prémonitoire, Edward rencontre en 1930 Wallis Simpson, une américaine deux fois divorcée. A la mort de son père, le roi George V, Edward accepte la tâche de roi, mais refuse de quitter Wallis, ce qui plonge le pays dans une crise constitutionnelle, l’Eglise d’Angleterre ne reconnaissant pas le divorce. Presque un an après le décès de son père, Edward finit par abdiquer en faveur d’Albert. Il redevient alors duc de Windsor, obtient une rente versée par la famille royale et part s’installer aux Etats-Unis puis en France, où il restera une grande partie de sa vie. Il a entretenu des relations vivement critiquées pendant la Seconde Guerre Mondiale avec Hitler et d’autres dictateurs nazis, ce qui lui vaudra de nombreuses hostilités, notamment de Churchill. On sait qu’il finira sa vie ruinée, négligée par Wallis, car ils ne s’aimaient plus, et sans doute plein de regrets. Un Secret d’Histoire avait été consacré au couple, mais seul quelques extraits sont disponibles sur Youtube.

    Qui est Churchill ?

    Wiston Churchill reste encore aujourd’hui un homme politique reconnu et populaire. Sans aller jusqu’à dire qu’il est devenu une légende, on peut rappeler qu’il a gouverné à plusieurs reprises sous trois monarchies. Jugé finit dans les années 30,  durant laquelle il connait une traversée du désert, il est le premier des politiques européens à alerter sur la dangerosité d’Hitler. Rappelé au début de la guerre, le vieux lion finira sa carrière en tant que Premier Ministre de George V puis de la jeune reine Elisabeth (il est son premier ministre parmi les 16 qu’elle a connu). Critiqué pour son âge avancé, il quitte ses fonctions à 80 ans et meurt dix ans plus tard, à 90 ans. Dans la série, son personnage est un peu plus romancé que ceux de la famille royale. Il n’empêche que le code Hyde Park Corner était bien réel, sans doute pour éviter que l’information filtre aux journalistes. Le récit du smog est plus fictif, aucun politique ne réalisant la toxicité du nuage à une époque où l’écologie n’existait pas. En ce qui concerne le tableau, Churchill peignait réellement, dans un style proche des impressionnistes, et il a très mal reçu le portrait de Graham Sutherland, réalisé en 1954, que sa femme fera brûler quelques mois plus tard.Un Secret d’Histoire lui a également été consacré, et il est disponible en intégralité.

    Ce qui fonctionne

    La série doit sa réussite à deux points : la véracité historique (exceptionnelle pour une fiction), et le traitement des intrigues. Certes, le fait d’aborder des membres de la famille royal encore en vie a obligé à certaines concessions, mais on ne le perçoit pas vraiment. Chaque épisode se concentre sur un personnage, qui est intégré dans le récit en cours. Il y a de nombreux retours en arrière, des accélérations, des sujets qui s’étendent sur plusieurs épisodes, mais étonnamment, tout en restant fidèle à la chronologie, la série réussit totalement à s’en affranchir.La série débute à la croisée de plusieurs chemins : peu après l’abdication d’Edward, obligeant toute une famille à se préparer à la fonction royale, à la sortie de la guerre, à l’arrivée de la modernité que certains anglais rejettent, comme Churchill, aux changements sociétaux, dont l’explosion des divorces, auquel la famille royale tente de faire barrage, à la fin des colonies, dont les habitants subissent encore les idéologies racistes, notamment soutenues par le prince Philip.La série propose également une lecture juste de la montée du rôle des médias, et de leur utilisation par la famille royale pour arriver plus ou moins efficacement à leur fin. Le traitement des personnages peut sembler lisse, principalement celui de la reine Elisabeth, complètement stoïque. Alors qu’on s’attache plus facilement à Churchill, dont l’humour et la verve particulière sont bien respectés, l’incapacité de la reine a à prendre une décision avec le cœur a tendance à nous crisper. On ressent l’envie de secouer cette pauvre Elisabeth, et on attend en vain une crise de nerf, qui ne vient pas. Car contrairement aux autres séries, The Crown ne s’est pas donné pour mission de rendre plus humain ou plus diaboliques les membres de la Couronne, mais de montrer une fonction qui conditionne et détruit sa vie personnelle. Elisabeth est une reine, elle ne pense plus qu’en fonction de la constitution, et ne s’accorde même plus de sentiments.


    Ce qui ne marche pas

    La série est (un peu plate), et les personnages, complètement inertes rendent le tout vraiment lisse. Face à cette monarchie anglaise rigoureuse, dont nous sommes assez étranger, on ne développe aucun sentiment pour la famille royale : les difficultés d’Elisabeth, la peine de Margaret ou encore la solitude de la reine mère. Du coup, si on ne creuse pas sur cette mise en scène, on a tendance à survoler la série sans grand intérêt. Côté vestimentaire, on déchante aussi rapidement… Les tenues officielles sont couvrantes, surchargés ou totalement classique, et contrairement aux créations raffinées de l’époque, elles ne laissent pas beaucoup de place à la féérie, alors que généralement, on est habitué à cette image de « princesse » ultra sophistiquée. De quoi décevoir un peu…  même si on comprend que la série veut casser ce mythe pour rétablir la (triste) vérité.

    Mon avis
    La série a l’avantage d’être fidèle à l’Histoire mais aussi de traiter de façon parfois lisse, mais plus proche de la réalité, le rôle qu’endosse un monarque. Loin de nos rêves de petite fille, on découvre à quel point la couronne détruit la personne, l’efface, ne laissant d’elle que sa fonction royale. En s’affranchissant de la chronologie mais en resituant bien ses intrigues, la série est extrêmement accessible. On appréciera tout particulièrement le personnage de Churchill, si entier, si vivant dans ce théâtre d’ombres. On mate, et on se marre grâce à Churchill…Et on compare avec Victoria.


    SAISON 2

    Un an après la première saison, The Crown est de nouveau diffusé sur Netflix. Le format et le traitement restent similaires aux premiers épisodes. A ceci près que les difficultés de la Reine la rendent beaucoup plus humaine que dans la première saison.

    Ce qu’il faut savoir

    Les personnages principaux sont identiques à la première saison et les personnages secondaires sont bien introduits. Le récit est très fidèle à la réalité, et la série poursuit donc dans le respect de la véracité historique.

    La série se focalise dans cette saison sur les années de trouble, soit de 1956, avec la guerre de Suez, à 1963, avec l’assassinat de Kennedy. Elisabeth II connaît durant ces 5 années plusieurs crises : l’effondrement du Commonwealth, la montée des idéologies communistes, le passé nazi des membres de la famille royale qui ressurgit, notamment avec les dossiers Marbourg, et les infidélités du Prince Philip. Des attaques dont la Reine sortira systématiques glorieuse ou grandie dans la fiction.

    Une saison qui nécessite donc peu de repères historiques.

    Ce qui fonctionne

    The Crown réutilise les mêmes spécificités : un épisode centré sur un personnage, une abolition de la chronologie, avec des retours en arrière et des accélérations, tout en restant fidèle à l’Histoire. Un choix qui rend la réalisation des épisodes toujours aussi intelligente, et qui rend ainsi la série captivante, non répétitive et brillante.

    Le programme conserve également la distance volontaire entre le spectateur et la famille royale. Un monde qu’on peine toujours à comprendre. Mais dans cette seconde saison, les défis auxquels la Reine fait face la rendent plus humaines. La mère souffre des choix éducatifs pour son fils, la sœur brise (non sans peine) une nouvelle fois les rêves de sa sœur, la femme bafouée tente l’impossible pour sauver son époux de la spirale médiatique, et la souveraine accepte des concessions pour sauver son pays. Ainsi, on ne peut que compatir pour cette femme, et cette famille, enfermée dans une fonction.

    La saison débute comme elle termine, avec les infidélités du Prince, comme si l’Histoire était un éternel recommencement et les prémices d’autres scandales.

    Ce qui ne fonctionne pas

    Absolument rien. La saison est magistrale. Elle est juste, intelligente, et la fiction et la réalité s’entremêlent de façon troublante, à tel point qu’on ne peut les démêler.

    Une saison plus profonde, qui laisse entrevoir une autre vision de la famille royale. On mate!


    Saison 3

    Lancée le 17 novembre 2019, la troisième saison de la série produite par Netflix a une fois de plus reçu les louanges des critiques. Le casting a été renouvelé, la saison s’est enrichie de nouveaux personnages haut en couleur pour une découverte toujours aussi plaisante de la famille royale.

    Synopsis

    1964-1977. La Reine fait face à de nouveaux défis : une société qui se modernise et dans laquelle elle peine à trouver sa juste place, des enfants qui tentent de prendre leur indépendance et une famille de plus en plus en rupture avec les traditions.

    Les nouveaux personnages

    Le Prince Charles

    Né en 1948, le Prince, timide et manquant de confiance en soi dès son plus jeune âge, connait une enfance contrastée, où il alternera moment de répit et de construction et épreuves physiques et psychologiques. Alors qu’il s’épanouie à l’école, son père le force à poursuivre sa scolarité dans un pensionnat extrêmement rigide. Une épreuve, que le prince qualifie de peine de prison, qui se répète une nouvelle fois à l’Université. Alors qu’il suit des études enrichissantes à Cambridge, la Reine lui impose un trimestre au Pays de Galle pour y apprendre la langue et se rapprocher des Gallois… Un prince pas vraiment attendu dans la région, et qui devra se faire violence pour apprendre une langue celtique aux sonorités très éloignées de la langue anglais.

    L’injustice semble s’abattre sur le Prince, qui se verra ensuite éloigné de la femme qu’il aime… La suite, nous la connaissons tous : un mariage de convenance avec Diana Spencer, un divorce fracassant et des retrouvailles officielles avec celle dont il est toujours resté amoureux : Camilla Shand, plus connue sous le nom de Parker-Bowles.

    Après un passage dans la Royal Navy (1971-1976), le Prince se concentre sur ses fonctions officielles et des missions caritatives. Il est notamment le président du WWF d’Angleterre. Passionné par le jardinage et la botanique, il milite pour l’environnement. Un futur roi bien occupé, et qui laisse imaginer les futurs changements qui s’opéreront lorsqu’il accèdera au trône.

    La Princesse Anne

    Si vous suivez un peu l’actualité, vous avez dû entendre parler de la princesse Anne récemment. Cette dernière a été surprise avec quelques dirigeants en train de se moquer de Donald Trump. Née en 1950, la princesse est actuellement en 14ème position pour l’accession au trône britannique. Relativement discrète, cette ancienne cavalière de haut niveau est assez peu connue du grand public. Elle assure quelques engagements officiels en tant que membre de la famille royale. Elle se marie en 1973 avec Le capitaine Mark Phillips, avec qui elle a deux enfants non nobles (mais sur la liste de succession au trône). En effet, son époux refuse son cadeau de mariage, une « prairie » et n’a donc jamais été anobli. La princesse Anne divorcera en 1992 suite à l’infidélité de son conjoint.

    La princesse Alice

    La série a laissé entrevoir cette saison, un personnage haut en couleur, la mère du Prince Phillip : Alice de Battenberg, dont son histoire mériterait, elle aussi, un biopic.

    Fille du prince de Hesse et de Victoria de Windsor (petite-fille de la Reine Victoria), la princesse Alice connait une enfance mouvementée. Sourde de naissance, elle apprend à parler et à lire sur les lèvres l’anglais et l’allemand, puis le français et le grec. En 1903, elle épouse le prince André de Grèce et de Danemark, descendant par sa mère des tsars de Russie, et s’installe en Grèce. Ils auront ensemble 5 enfants. Très investie dans les œuvres caritatives, la princesse vit dans un pays troublé par plusieurs guerres et crises politiques, qui conduisent en 1921 au renversement de la monarchie. La famille royale connait l’exil, et la princesse trouve son salut dans la religion orthodoxe. Elle se déclare la fiancée du Christ et se prête des pouvoirs de guérisseuse. Diagnostiquée schizophrène, elle est éloignée de sa famille, puis choisi de retourner vivre en Grèce seule pour travailler avec les pauvres en 1938. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, elle cache des juifs des troupes allemandes, ce qui lui vaudra le titre de Juste parmi les nations en 1994. Elle fonde à l’issue du conflit un ordre religieux, qui périclite rapidement. En 1967, la reine Elisabeth l’invite à venir s’installer au Palais de Buckingham où elle décédera 2 ans plus tard. Une vie extraordinaire qui n’est étonnamment pas restée dans les mémoires, et que la série a réussi à mettre en avant.

    Ce qui fonctionne

    Pour cette nouvelle saison, la série aborde une époque difficile pour la Reine, celle où elle se façonne une « légende noire ». Totalement en décalage avec la société, incapable d’imposer ses idées et réduite à un rôle de pantomime par le gouvernement, odieuse avec ses proches hormis sa sœur, la Reine est toujours aussi détestable. Même l’éventuelle relation extra-conjugale évoquée dans la série ne la rend pas plus appréciable ni humaine.

    Une attitude statique qui est d’autant plus mis en valeur que les personnages autour d’elle vivent, à l’image de la princesse Margaret, la princesse Anne ou le prince Charles. L’analyse de la position royale est toujours aussi juste, et cette saison reste sur la même lancée que les précédentes en en conservant toutes les qualités, mêmes si certains faits ont été quelques peu exagérés, voire inventés.

    Ce qui ne fonctionne pas

    La seule critique que nous pouvons faire, c’est que le casting a été renouvelé, et qu’alors que la saison reprend un an avant les précédents évènements, les personnages semblent avoir prix 20 ans… Un choix un peu rude, que la série impose aux spectateurs dès les premières minutes de cette nouvelle saison.

    Une série dont la qualité reste constante au fil des épisodes. On mate donc cette nouvelle saison pleine de révélations.

    Saison 4

    Mise en ligne le 15 novembre 2020, cette nouvelle saison de The Crown a beaucoup fait parlé d’elle. Centrée sur la période 1979-1990, elle touche à des évènements encore très présents dans les mémoires. Décennie de tension, elle a réveillé de vieux démons, et obligé la famille royale à sortir de son silence pour calmer les esprits.

    Les nouveaux personnages

    Diana Spencer (1961-1997)

    Peut-on encore présenter la princesse de Galles ? Issue d’une famille aristocratique remontant au XVe siècle, son élégance et sa simplicité la rende très rapidement populaire. Bien plus populaire que son époux, le prince. Diana Spencer est une jeune fille discrète, qui n’excelle pas sur le plan scolaire, et qui rêve de devenir danseuse de ballet. Elle enchaîne les petits emplois sur Londres. En 1980, elle rencontre Charles lors d’un match de polo. Son charme opère et la future princesse s’avère rapidement la candidate idéale aux yeux de la famille royale. Elle épousera le prince d’Angleterre en 1981. La suite, nous la connaissons : deux enfants, des sourires de façade, une princesse devenue bien trop populaire, un prince amoureux d’une autre et mariage malheureux qui s’achèvera par un divorce.

    Margaret Thatcher (1925-2013)

    Second personnage féminin à faire son entrée dans cette nouvelle saison de The Crown, la très polémique Premier Ministre du Royaume-Uni. Née dans une famille de la classe moyenne, Margaret est un bourreau de travail. Chimiste puis avocate, elle rejoint le Parti Conservateur, qu’elle dirigera de 1975 à 1990. Elle devient première femme à accéder à la fonction de Premier Ministre en 1979. Elle occupera le poste pendant 11 ans. Durant son mandat, elle prend des décisions controversées pour redresser l’économie anglaise, mais aussi pour défendre ses territoires. En 1990, l’instauration d’une énième taxe et sa position sur l’intégration du Royaume-Uni dans l’Union européenne la mettent en difficulté au sein de son propre parti. Une rupture qui se confirmera dans les urnes. Chassée du pouvoir, celle qu’on surnomme la Dame de Fer, conserve encore aujourd’hui une réelle notoriété, même dans les rangs de ses adversaires politiques.

    Ce qui fonctionne

    La nouvelle saison est dans la droite ligne des précédentes, mais elle accentue dans son traitement le repli sur soi de la famille royale, qui paraît plus que jamais un clan en total décalage avec le reste de la société.

    La décennie était très riche en évènements, et la série a dû faire des choix, quitte à créer des lacunes ou des non-dits, sans que le spectateur soit pénalisé. Malgré les choix de traitement, la série réussit à conserver une certaine pudeur, loin des gros titres des tabloïd.

    La série continue d’utiliser sa marque de fabrique : esthétisme, musique, exploitation des faits réels, le tout dans un flegme parfaitement anglais.

    Ce qui ne fonctionne pas

    On pourra regretter que des évènements-clef pour la compréhension des certaines attitudes de la famille royale. On pense notamment à la tentative de kidnapping de la princesse Anne 1974 qui explique en partie le repli sur soi de la tribu royale.

    Quelques faits sont également arrangés ou inventés, mais pour le reste, la série reste toujours aussi juste.

    On continue de mater, avec le même plaisir

    Saison 5


    Sortie le 9 novembre 2022, deux mois après le décès de la reine Elisabeth II, la cinquième saison de la série s’attaque à une période particulièrement difficile pour la monarchie : les années 1990.

    Cette saison marque une rupture avec les saisons précédentes. En plus qu’un casting renouvelé, avec des acteurs parfois peu ressemblants, les auteurs ont dû composer avec une période historiquement proche, les contraignant à de plus nombreuses spéculations.

    Le résultat n’en est pas moins intéressant, puisqu’il rompt avec le sentiment d’unité qui s’était imposé au fil des saisons, pour laisser place à la psychologie de chacun des membres de la famille royale.

    Les nouveaux personnages

    Deux nouveaux personnages-clefs font leur apparition : Mohamed Al-Fayet et Hasnat Khan, tous deux reliés à la Princesse de Galle.

    Mohamed Al-Fayed ( né le 27 janvier 1929 )

    L’épisode 3 est entièrement consacré à l’entrepreneur égyptien. Issu d’un milieu modeste, Mohamed Fayed fait plusieurs petits boulots. Ambitieux, beau-parleur, sur de lui, il réussit à épouser une fille d’une classe sociale supérieure à la sienne. En 1974, il s’installe en Grande-Bretagne et se fait appeler Al-Fayed. Il gravit les échelons jusqu’à devenir propriétaire du Ritz en 1979.

    Symbole de la réussite, il ne parviendra pourtant jamais, malgré ses nombreuses tentatives, à acquérir la nationalité britannique.

    Père de Dodi, décédé avec la princesse Diana lors de l’accident de voiture, il vit désormais à Monaco.

    Médecin Hasnat Khan ( né le 1er avril 1959)

    Né au Pakistan dans une famille privilégiée, Hasnat y étudie la médecine. Diplômé en chirurgie cardiothoracique, il travaille un temps en Australie, avant de s’installer à Londres en 1991. Il y rencontre en 1995 la Princesse Diana, avec qui il entretiendra une relation de deux ans. Décrit par Lady Di comme « M. Merveilleux », elle sera particulièrement affectée par leur rupture.

    Ce qui fonctionne

    Si la série parle d’annus horribilis dans un de ses épisodes, on pourrait appliquer ce terme à la décennie toute entière. Retour de bâton, rejet des traditions, rebellions, changements sociétaux, la monarchie est particulièrement bousculée dans cette saison. La reine devra se résoudre à de nombreux changements, désormais seule face au reste du clan.

    Cette saison est particulièrement centrée sur la psychologie des personnages, sur les désirs, leurs souhaits, leurs émotions. Le spectateur a ainsi le sentiment de pénétrer dans l’intimité de la famille royale, qui jusqu’à présent semblait un seul bloc uni et inébranlable. Colère, concurrence, égo surdimensionné, le spectateur assiste à une vraie crise familiale, avec des images écornées comme celle de Diana.

    La série suit toujours une ligne historique, avec de nombreux clins d’œil au passé (épisode 6 centré sur les liens entre les familles royales d’Angleterre et de Russie). Le propos reste fluide et cohérent. Le traitement de l’image, les répliques, les thèmes abordés restent dans la veine des saisons précédentes et s’inscrit dans la continuité.

    Mais contrairement aux autres saisons, la série a pris plus de liberté et s’est « avancée » sur certains faits.

    Ce qui ne fonctionne pas

    Cette saison marque un tournant car elle quitte la ligne purement historique qu’elle suivait jusqu’à présent. Moins bien documentée, moins riche en témoignage et en révélation, cette décennie a contraint les auteurs à spéculer, voire à inventer certains faits. Ainsi, certaines trahisons, infidélités ou disputes sont purement fictifs. Est-ce vraiment dommage ? Non, car les faits inventés ne veulent pas dire qu’ils n’ont pas eu lieu dans un contexte similaire.

    L’autre point négatif de cette saison, c’est la ressemblance des personnages. On peine à reconnaître le Prince Philip, la princesse Diana à la silhouette bien trop allongée et enfin, le prince Charles le charisme soudain laisse dubitatif.

    Une saison avec des défauts mais qui reste toujours aussi plaisante à regarder.


    Sources

      https://www.express.co.uk/showbiz/tv-radio/891686/...

      http://www.parismatch.com/Royal-Blog/Royaume-Uni/La-video-du-salut-nazi-de-la-reine-Elizabeth-II-a-relance-le-debat-sur-les-liens-entre-les-Nazis-et-l-ephemere-roi-Edward-VIII-803000

      http://www.slate.fr/story/102753/1940-roi-edouard-viii-nazis-angleterre-bombardements



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