The Hollow Crown: on zape ou on mate?
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  • Un matin, un réalisateur britannique, Sam Mendes, connu entre autre pour ses films American Beauty ou Les Noces Rebelles, se réveille avec l’idée un peu étrange d’adapter cinq pièces de William Shakespeare, qui retracent l’histoire de cinq rois d’Angleterre, en série télé.

    En 2012, puis en 2016, 7 épisodes, répartis sur deux saisons, voient le jour sous le nom de The Hollow Crown. La série, diffusée sur la BBC Two, rencontre très vite son public. En 2017, c’est la chaine francophone Histoire qui la programme en vostfr. Encensée par la presse, la série peinera à se faire une place dans le paysage audiovisuel français.

    Un mauvais calcul ? Pas forcément, mais en plus d’être en langue anglaise, la série nécessite des bases historiques (même si l’adaptation est libre) que dans l’Hexagone, peu de personnes maitrisent véritablement.

    Retour sur une très belle série qui met en lumière une période de l’Histoire méconnue en France.

    Les protagonistes

    Richard II : huitième roi d’Angleterre de 1377 à 1399. Fils du Prince Noir, il appartient à la famille des Plantagenêt. Il succède à son grand-père, le roi Édouard III. Très contesté, c’est durant son règne qu’apparait la crise politique dite la Guerre des Deux-Roses.

    Henri IV : neuvième roi d’Angleterre de 1399 à 1413. Petit-fils du roi Édouard III (et fils de Jean de Gand), Henri Bolingbroke installe la famille des Lancastre sur le trône. C’est le premier monarque depuis la conquête de la (Grande) Bretagne par Guillaume le Conquérant a utilisé la langue anglaise.

    Henri V : dizième roi d’Angleterre de 1413 à 1422, fils d’Henri IV, il relance la guerre de Cent ans (1337-1453). Après la victoire à Azincourt, Henri V signe un traité (de Troyes) avec le roi de France Charles VI. Il épouse sa fille et est reconnu comme héritier de la couronne française. Il décède deux ans plus tard et laisse à son fils de neuf mois les rênes des deux royaumes : la France et l’Angleterre.

    Henri VI : sensé unifier les couronnes anglaises et françaises, le roi ne régnera en réalité que sur l’Angleterre (1422 à 1471). En France, au décès de Charles VI, son fils, Charles VII se proclame roi de France malgré le traité de Troyes. Henri est un roi pacifique, qui préfère à la guerre la discussion. Il épouse d’ailleurs la nièce de Charles VII, Marguerite d’Anjou en 1445 pour préserver la paix. Mais le roi de France est décidé à reprendre ses possessions perdues. Guidée par Jeanne d’Arc, son armée reconquiert rapidement le pays. En 1453, Bordeaux tombe dans les mains françaises. Henri en restera marqué, et sombrera dans la folie. Incapable de régner, son cousin Richard d’York assure la régence. Marguerite s’oppose, la guerre civile explose, avec d’un côté les partisans des Lancastre et de l’autre ceux des York. Henri est emprisonné à la Tour de Londres, Richard prend le pouvoir. En 1471, Henri meurt sans doute empoisonné par le fils de Richard, Édouard IV.

    Richard III : dernier souverain de la maison d’York. Sa dépouille a été découverte en 2012. Après études, le roi a été inhumé dans la cathédrale de Leicester.

    Richard Plantagenêt a trois fils, dont deux régneront : Edouard IV, Richard III et Georges (qui sera exécuté pour complot contre son frère, le roi Édouard IV, a la tour de Londres en 1478).

    Henri VI fermé, il s’empare du pouvoir et nomme son fils, Édouard roi d’Angleterre (de 1461 à 1483). Après avoir maté la rébellion des Lancastre et mis fin temporairement à la Guerre des Deux-Roses, Édouard instaure un climat de paix dans le royaume. Il décède brutalement en 1483. Son fils Édouard V doit prendre sa place et la régence est confiée à son oncle Richard. Deux mois après, le prince meurt à la Tour de Londres.

    Richard monte sur le trône. La littérature et les témoignages de l’époque le décrivent comme un tyran. Shakespeare en fera un déséquilibré aussi laid à l’intérieur qu’à l’extérieur. Rapidement, le roi est contesté, et doit faire face à des soulèvements de partisans d’Édouard IV. Ces derniers ont prêté allégeance à Henri Tudor, descendant de Jean de Gand et appartenant à la famille des Lancastre. En 1485, Richard et Henri s’affrontent lors de la bataille de Bosworth. Le premier décède, le second est proclamé roi. Henri épouse la fille d’Édouard IV, Élisabeth d’York et réunit ainsi les deux familles. La guerre est terminée.

    Théâtre et véracité historique

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    Roméo et Juliette, Songe d’une nuit d’été, les deux tétralogies de Shakespeare sont éloignées de son répertoire habituel. L’écrivain n’est pas non plus connu pour son travail d’historien. Pourtant, Shakespeare s’est attelé à cette tâche de recherche, tirant ses informations de l’historiographe des Tudor, et en ajoutant une pointe de mythologie, à la manière des récits de la Grèce antique.

    Les pièces sont ainsi passées à la postérité, et malgré leur liberté historique, elles constituent encore un point de comparaison avec les découvertes historiques.

    La série

    Si vous n’êtes pas un minimum fan de théâtre, passez votre chemin. La série a choisi de respecter l’écriture et les textes des œuvres de Shakespeare. Le vocabulaire est soutenu, les phrases sont interminables, et les monologues ralentissent terriblement l’action. On ose en rajouter une couche en soulignant que the Hollow Crown n’a pas été traduit en français, et que l’anglais reste celui de Shakespeare, ce qui rend la compréhension délicate même pour les plus anglophones.

    Mais malgré ces défauts, la série est une vraie réussite, et pas seulement grâce à son incroyable distribution (Benedict Cumberbatch, Jeremy Irons ou encore Tom Hiddleston). Chaque épisode est différent, et aucune scène de bataille ni aucune prise de pouvoir n’est identique. 

    The Hollow Crown est pleine de référence à la religion. On y voit l’instauration d’une malédiction, le martyr d’un Richard II trop faible, le sentiment de culpabilité d’Henri IV, la renonciation aux excès d’Henri V, la traitrise dont est victime Henri VI, la tempérance d’Édouard IV et la folie destructrice de Richard III. Chaque épisode est soigné, esthétique et plausible.

    Même si le réalisateur a pris des libertés avec les pièces de Shakespeare, on retrouve dans chaque épisode les codes du théâtre : la tragédie, la comédie ou l’épopée.

    Une série intellectuelle, pas vraiment accessible, mais tellement incroyable…

    On mate si on aime le théâtre, la langue anglaise et des épisodes d’1h30…

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