En mai 2018, la ville de Dijon lance un compte à rebours un peu singulier. Après 10 ans de travaux, la réouverture du Musée des Beaux-Arts de la Cité des Ducs est enfin annoncée. Ce sera le 17 mai 2019, le jour de la Nuit des Musée. Un clin d’œil non dissimulé pour ce musée qui a construit sa rénovation autour de l’idée d’ouverture sur la ville. Une longue attente immédiatement couronnée de succès, car en un mois, le musée a déjà attiré 50 000 visiteurs.

Ce qu’il faut savoir 

Le Musée des Beaux-Arts de Dijon profite d’une longue et prestigieuse histoire qui se retranscrit autant dans ses collections que dans son bâtiment.

Au XIVe siècle, la Bourgogne est un territoire vassal du Royaume de France. En 1361, le duché revient au roi de France, qui le donne à son fils Philippe le Hardi. Rapidement, le territoire grossit jusqu’à occuper une région allant des Flandres jusqu’au Dauphiné. La Bourgogne est riche, les 4 ducs qui se succéderont nouent des alliances prestigieuses, si bien qu’en 1468, Charles le Téméraire décide d’annihiler les droits du roi de France sur son duché. La guerre éclate, le Duc est vaincu, la Bourgogne retombe une nouvelle fois dans les mains du Roi.

A partir de 1365, Philippe le Hardi, premier duc de Bourgogne, lance la construire d’un palais au cœur de la capitale du duché, Dijon. Après l’annexion du territoire, le bâtiment devient une résidence royale, qui sera agrandie et transformée aux siècles suivants pour devenir le Palais des Etats de Bourgogne, dans lequel la famille Condé, une des branches de la famille royale, s’y installe.

En 1767, François Devosge ouvre une école de dessins à Dijon. Le succès de cette classe accessible à tous sans distinction sociale est immédiat. Les plus belles créations des élèves sont présentées au public dans deux salles du Palais des Etats. Dans la foulée, ce premier noyau de collections est rejoint par des saisies révolutionnaires, dont les trésors des abbayes de Cîteaux et de Champmol, puis par des envois de Paris. Le Musée des Beaux-Arts est né.

Les collections seront enrichies au fil des décennies, notamment grâce à des dons de près de 700 bienfaiteurs. Au début du nouveau millénaire, le musée se trouve face à un problème : il ne peut présenter que 17% de ses œuvres. En 2006, le conseil municipal vote sa rénovation. 10 ans de travaux, des espaces repensés et des pièces restaurées pour que celui qu’on renomme le Petit Louvre retrouve enfin de sa superbe.

La visite

Qui connaissait l’ancien musée aura bien du mal à reconnaître les lieux. Plus qu’une mue, l’institution a connu une véritable transformation, et tout semble avoir changé, même les œuvres.

Nouvelle scénographie

La section médiévale, avec ses panneaux peints

Des espaces repensés

Ce nouveau parcours a littéralement donné un nouveau souffle tant au bâtiment, qui desservait jadis le musée, qu’aux collections, bien moins éclatante dans leur ancien écrin.

Les Fayoums. Le Musée possède une importante collection d’art égyptien.

Le couronnement de la Vierge, Zanobi di Machiavelli, 1474

Le souffleur à la lampe, Georges de la Tour, 1640

Le Musée des Beaux-Arts de Dijon, qui possède une collection s’étalant de l’Antiquité au XXe siècle, a choisi un parcours chronologique qui balaye l’histoire de l’art, et en particulier celui de la Bourgogne. Le clou de la visite est en effet ces célèbres tombaux des Ducs dans la salle des Gardes, et qu’il est désormais possible d’admirer depuis la tribune des musiciens.

Tombeau de Philippe le Hardi, commandé en 1381 à son "imagier". 3 artistes se succéderont pour réaliser le monument, qui sera achevé en 1410.

Les tombeaux depuis la tribune des musiciens

Autre incontournable, la Galerie de la Bellegarde, dont la charpente en coque de bateau renversée surprend dans le parcours, présente quant à elle les collections de peinture bourguignonne, dont le retable de la chartreuse de Champmol.

La salle de la Bellegarde

Le retable de la Cruxifiction, commandée par l’abbaye de Champmol en 1390.

Détail du retable de la Crucifixion

Les collections d’art moderne ne sont pas en reste, et ont parfaitement trouvé leur place dans les salles plus récentes du palais.

Peinture de la salle de peinture française du XVIIe. A droite, David triomphant tenant la tête de Goliath, Nicolas Regnier, 1625

Salon des arts du XVIIIe

Un parcours incroyable, à en faire jalouser les plus grands musées de France, et qui abat une dernière carte en réussissant à mettre en valeur ses murs. Une visite alternative qui sera bientôt renforcée par une application.

Sculpture de Hébé devant le plafond à la gloire du Prince de condé, salle des statues

Mon avis

Mais quelle incroyable transformation ! Dijonnaise, je connais le musée depuis toute petite, j’ai suivi les travaux, la réouverture des collections médiévales en 2013, mais j’avoue ne jamais avoir imaginé un tel résultat. L’attente était plus que justifiée pour celui qui peut désormais fièrement s’enorgueillir de son surnom de Petit Louvre. Une application devrait bientôt compléter les cartels et les tables de médiation. On attend cela avec impatience.

A absolument découvrir.

https://beaux-arts.dijon.fr/

L’œil, juin 2019

Beaux Arts Magazine, Juin 2019

Gratuit pour tous