Râmâyana sur Netflix : on zappe ou on mate ?
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  • En 2012, une nouvelle version du Râmâyana est adaptée en série pour la télévision indienne. 56 épisodes ont été nécessaires pour retranscrire cette fresque mythologique très populaire en Asie. Si la production est soignée, et le récit particulièrement bien travaillé, quelques choix esthétiques perturbent cette belle alchimie. 

    Qu’est ce que le Râmâyana ?

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    Composé de 7 livres, le récit est une épopée mythologique écrite en sanskrit entre le IIIe et le IIe siècle avant J.C. par l’ermite Valmiki. Elle retrace l’histoire de Rama, septième avatar du dieu Vishnou. Cette réincarnation a pour but de mettre fin aux agissements du démon Ravana, que seul un humain peut tuer.

    Vishnou redescend sur terre sous les traits d’un jeune prince, Rama, qui ne connaît pas sa mission. Pour le guider, les dieux produisent toute une série d’évènements qui mèneront le jeune prince jusqu’à l’affrontement avec le terrible Ravana. 

    L’Epopée guerrière est un des récits centraux dans la culture hindouiste mais elle est aussi extrêmement populaire en Asie du Sud-Est. Son influence se retrouve dans le Kathali, un théâtre dansé dans l’Inde du Sud mais aussi dans le théâtre d’ombres.

    Ce qui fonctionne

    Si le Râmâyana est toujours aussi populaire plus de deux millénaires après son écriture, c’est grâce à son histoire qui mêle à la perfection spiritualité et magie. Dans cette véritable fresque, le lecteur voit se croiser toute la mosaïque de croyance de l’Inde, à travers des princes et des princesses, des sages, des hommes-singes, oiseaux parlants ou encore des démons. 

    La série, qui est fidèle à la version la plus connue du Râmâyana, profite donc de cette incroyable attractivité, renforcée par la touche « bollywood ». Les costumes sont colorés, la musique est omniprésente et les personnages sont tous animés par une qualité indestructible. Ainsi, Sitâ accepte par amour pour Rama de le suivre dans son exil. Lakshmana par fidélité envers son frère veillera sur lui sans dormir pendant 14 ans, et Rama par loyauté envers son père accepte sa condamnation.

    Un savant mélange qui offre une série dépaysante et magique à chaque instant.

    Ce qui ne fonctionne pas

    56 épisodes, c’est long, et si les 30 premiers passent à la vitesse de l’éclair, à partir de l’enlèvement de Sitâ, la série piétine. L’affrontement final, la victoire et le retour sur le trône qui se font en 8 minutes. Dommage, on aurait aimé une petite conclusion un peu plus longue, surtout que le récit n’est pas aussi expéditif.

    L’autre hic de la série, ce sont ses effets spéciaux, qui deviennent incessants dans les derniers épisodes, notamment lors que de l’attaque de l’armée des singes. Si je reproche souvent le sentiment de petites armées dans des séries, où une dizaine de soldats s’affrontent, dans cette série c’est tout l’opposé. L’armée de singes est interminable. Et en toile de fond, ce sont toujours les mêmes affrontements qui ont lieu. Si on ajoute à cela le char de Ravana, tout droit sortie d’un dessin issu de Paint, ce gros manque budgétaire frise le ridicule et brise la belle alchimie créée par l’histoire.

    Enfin, la série aborde des croyances auxquelles nous ne sommes pas habitués, et que nous avons du mal à nous approprier. Pourquoi Vishnou en se réincarnant ne connaissait-il pas sa mission ? Pourquoi le voyons nous encore intervenir alors qu’il est techniquement humain sur terre ? Pourquoi une série d’évènements doivent se passer dans un ordre défini pour qu’il tue Ravana ?

    On mate ne serait-ce par curiosité pour ouvrir son esprit à d’autres types cultures

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