Ouvert en 1880, le Musée Carnavalet retrace l’histoire de la ville de Paris à travers les siècles. Après plus d’un siècle de bon et loyaux service, le plus vieux musée de la capitale ferme ses portes pour travaux en 2016. 5 années auront été nécessaires pour faire basculer le lieu dans le XXIe siècle. 

Ce qu’il faut savoir

Le Musée Carnavalet, situé dans le quartier du Marais, est l’un des plus riches de France en terme de collections. Il compte près de 625 000 œuvres (mobilier, boiserie, enseignes, affiches ou encore monnaies). Avec son parcours de 1,5 km, l’établissement réussit à retracer l’histoire de la ville de Paris, de l’époque préhistorique jusqu’au XXIe siècle. 

Le  musée a une autre spécificité historique: les period rooms, c’est-à-dire la reconstitution d’une pièce dans son décor initial. Le lieu présente ainsi la chambre de Marcel Proust, la salle de bal de l’hôtel de Wendel ou encore la bijouterie Fouquet.  

Le choix a été fait, au cours de la rénovation, de conserver cette muséographie singulière, que certains jugent désuette. Le musée a également été repensé pour intégrer des collections plus récentes, réadapter le parcours et rendre hommage aux donateurs.

Après 4 années de travaux, le résultat est à la hauteur de l’attente et il a su séduire les visiteurs, puisque près de 470 000 visiteurs ont poussé ses portes depuis mai 2021.

La visite

La visite débute dans deux grandes salles, où sont suspendues au-dessus de nos têtes de vieilles enseignes en fer. 

Enseigne de Filliol Serrurier, XVIIIe

A la couronne en or, enseigne d’un aubergiste, XIXe

Elles sont accompagnées d’autres devantures, accrochées au mur. La première salle du musée en est aussi la synthèse : toute l’histoire de la Paris, de ses quartiers, de ses populations et de ses communautés sera illustrée dans ce nouveau parcours. Le lieu laisse une étrange impression au visiteur : il semble épuré, mais pourtant les objets y sont accumulés. Comme si dans ce nouveau musée, tout avait changé mais rien n’avait réellement changé….

Vase souvenir des Jeux Olympiques de Paris en 1924, accompagné de la maquette d’un bateau-mouche

L’époque médiévale sur l’île de la Cité

Histoire de Paris, de ses symboles, de ses périodes historiques... La scénographie des lieux est simple, mais elle est ponctuée de clins d’œil plus ou moins dissimulés.  

Vitrine d’objets gallo-romains, à hauteur des enfants

Illustration réalisée par Anas, 12 ans

Les enfants sont à l’honneur dans ce nouveau parcours. 10% des œuvres sont exposées à hauteur d’enfants. Le musée a également demandé durant des ateliers aux visiteurs en culotte courte de reproduire une œuvre à leur façon. Le résultat est visible sur certains cartels.

Le salon de l’hôtel de Breteuil, XVIIIe: un outil de médiation raconte une scène de vie

Discrètes, les bornes de médiation sont présentes sans être invasives

Le parcours fait également la part belle à l’audio. Des bruits, des sons, de la musique, le musée regorge d’installations qui dynamisent la visite sans être pour autant invasive et gênante. On apprécie entendre des cris du marché de Paris, ou la musique des salons.

Les panneaux décoratifs pour le salon de Gilles Demarteau, réalisés par François Boucher, XVIIIe

Lambris du cabinet de l’hôtel Colbert de Villacerf, XVIIe

A l’étage, l’accent est mis sur les period rooms. On retrouve la scénographie du siècle dernier, avec ses reconstitutions qu’on pensait appartenir à un autre âge, mais qui ont complètement leur place dans un musée. 

L’escalier de Luynes et son décor en trompe oeil

Moins pédagogique en apparence, l’enchaînement des pièces éveille la surprise et l’émerveillement. On pourra dire ce que l’on veut, la magie de la vie parisienne opère toujours.

Mon avis

La rénovation a été relativement courte, l’idée de conservation de certaines spécificités muséographique est bien là, mais pourtant le Musée a véritablement basculé dans la modernité. Oui, pas de doute, nous sommes bien dans un « vieux musée » mais nous sommes aussi dans un musée inclusif et pédagogique du XXIeme siècle. Le pari est donc doublement gagné pour la Ville de Paris, qui est propriétaire du lieu.

Gratuit pour les collections permanentes