Le 17 décembre 2022, un nouveau musée a ouvert ses portes à Troyes : la Cité du Vitrail. L’établissement s’est donné pour mission de dépoussiérer l’image que nous avons du vitrail. Art étroitement lié aux églises, le musée s’est installé dans l’ancien Hôtel-Dieu de la ville, comme pour mieux jouer de cette image vieillotte que le parcours s’amuse à casser. 

Ce qu’il faut savoir

Le vitrail est intimement lié au culte catholique. On le retrouve dans presque tous les villages de l’Hexagone. D’après l’Institut National des Métiers, près de 90 000m2 de vitraux recouvriraient la France. Chaque français a déjà vu au moins un vitrail au cours de sa vie.

Cette technique artistique basée sur le support en verre naît à l’époque romaine. Elle s’impose dès l’Antiquité tardive dans les lieux de culte chrétien, où elle sert pour la fermeture des ouvertures. Au Moyen-Âge, les pièces de verres sont assemblées entre elles avec des pièces métalliques pour former des motifs. Le vitrail n’est plus seulement un élément lié à l’architecture, il devient également un support artistique. 

Fabriquer un vitrail coûte très cher. Le verre est une matière première coûteuse et plus les couleurs choisies sont rares, plus le prix est élevé. On estime que les deux tiers des coûts de construction d’une église servent pour la réalisation des vitraux. Les religieux font ainsi appel à des mécènes pour habiller les baies.

L’art du vitrail traverse les siècles. Si il connaît son heure de gloire durant la période gothique, le style retrouve un nouvel élan au XXe siècle. De grands artistes, comme Matisse, Chagall ou encore Soulage dessineront des vitraux pour des lieux religieux, mais également pour des lieux profanes comme le siège des Nations Unis à New York.

Les vitraux sont omniprésents sur le territoire français, mais il y a un département qui regroupe le plus grand nombre de verrières (baies fermées par un vitrail). Avec ses 1 100 verrières recensées dans 200 édifices, l’Aube profite également d’un important corpus documentaires liés à son influence régionale et internationale dans la création artistique. 

En 1970, les élus locaux prennent conscience de la singularité du département. Doucement, un projet de mise en valeur de l’art du vitrail germe, et se concrétise dans les années 2010. Le musée s’installe à Troyes, chef-lieu du département de l’Aube, dans l’ancien Hôtel-Dieu-le-Comte. Après 4 années de travaux, la cité, qui couvre près de 3 000m2 de surface d’exposition, ouvre ses portes fin 2022.

La visite

Vue de l’apothicairerie

Détail d’un mur de l’apothicairerie

La visite débute au rez-de-chaussée, avec les salles de l’apothicairerie du XVIIIe siècle, vestige de l’ancien hôpital. Encore en usage en 1961, il s’agit de l’une des plus belles de France, avec son impressionnante collection de pots en porcelaine. 

Vitraux de la Cathédrale St-Etienne de Sens, verre, grisaille, plomb, autour de 1502, dépôt de la DRAC

Mise en scène et en perspective de l’histoire du vitrail

Le parcours proprement dédié au vitrail démarre au 2^èmeétage. Ce niveau décortique son histoire, sa réalisation et ses évolutions à travers les siècles. Musée hybride, le lieu alterne œuvres et dispositifs ludiques offrant une visite atypique où l’émotion gagne petit à petit le visiteur.

Voir mais aussi comprendre ce que l’on voit

Dans l’intimité de l’atelier du verrier

On retrouve de belles mises en scène comme dans un musée mais également des éléments de décryptage des œuvres comme dans un centre d’interprétation.

Au centre: le Trésor de Chalon-en-Champagne (XIIe), à gauche l’Arbre de Jessé de l’église Saint-Pierre-ès-Liens (XVIe), à droite, la Passion provenant de l’église de Provins (XVIe)

La suite du parcours conduit dans la Galerie des vitraux, où les styles, les thématiques et les chronologies sont chamboulés pour mieux briser les préjugés des visiteurs. Un ange fait face à l’illustration de la vitesse,  des motifs végétaux de vitraux islamiques répondent aux scènes de vie quotidienne normande.

Un véritable trésor troyen: redécouvert par hasard, le vitrail date du XIIe siècle

Dans la salle du Trésor, le visiteur découvre bien un véritable trésor, un vitrail du XIIe siècle en bon état de conservation. Il s’agit de l’un des plus anciens de France. Si la lecture est devenue difficile, on restera surpris par la profondeur du bleu, qui a traversé les siècles.

La chapelle et ses vitraux: la boucle est bouclée

Le parcours s’achève dans la chapelle de l’Hôtel-Dieu-le-Comte. La boucle est bouclée, les vitraux retrouvent leur place d’origine.

La Cité du Vitrail a relevé le pari annoncé sur son site internet : être un lieu de « découverte, d’émotion et d’expérimentation » à mille lieux de ce à quoi on pourrait s’attendre.

https://cite-vitrail.fr/fr

Tarif plein: 4 €

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