Le musée du Prado : à quoi s’attendre ?
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  • Description
  • Lieu & Horaires
  • Tarifs
  • Situé au cœur de Madrid, le Prado est l’un des plus grands musées au monde: 1 300 œuvres, allant de l’époque romane (XIIIe siècle) à l’époque moderne (XIXe siècle). Il abrite la plus vaste collection de peinture espagnole au monde et des chefs d’œuvre de la peinture italienne, flamande et française, signés par Goya, Velázquez, Le Gréco, Rubens, Bosch, Poussin ou encore Le Titien. Rénové en 2007, le musée a accueilli près de 3 000 000 de visiteurs en 2011. Attractif de par sa notoriété, le musée est cependant resté dans son bain et n’est plus du tout adapté aux visiteurs actuels. Un choix qui ne rebutera pas le public habituel des musées, mais qui risque d’exclure ceux qui sont moins à l’aise avec les institutions culturelles.

    L’histoire du bâtiment

    Dessiné en 1785 par de Villanueva à la demande du roi Charles III pour devenir un Cabinet de Sciences Naturelles (ce qui explique pourquoi l’édifice est accolé au Jardin Botanique Royal), le projet va être ralenti par les aléas de l’histoire. Repris par le petit-fils de Charles III, Ferdinand VII, suite à l’insistance de sa seconde femme Isabel de Braganza, le bâtiment devient le Musée Royal de Peinture et ouvre au public en 1819. Il présente alors des tableaux de l’école espagnole issus des collections royales.

    En 1872, le musée devient national et est rebaptisé Musée du Prado. Ses collections s’enrichissent avec l’absorption de différents musées, le désamortissement de 1836 (c’est-à-dire la vente des biens de l’Eglise catholique et de différents ordres religieux pour permettre l’enrichissement de la nation et l’émergence d’une classe moyenne), des dons et des legs de collectionneurs privés et une politique d’achat qui continue encore aujourd’hui.

    Durant la Guerre Civile (1936-1939), les collections du musée sont évacuées à Valence et en Catalogne puis à Genève avant de revenir après l’instauration du régime de Franco.

    En 1997, une rénovation est décidée pour permettre au musée de répondre à l’afflux de visiteurs. Les travaux mettront 7 ans à débuter et s’achèveront en 2007. Cette rénovation permet d’augmenter la surface d’exposition de 15 000m2 (possible en partie grâce au transfert de certaines collections vers le Musée de l’Armée à Tolède) et d’offrir un espace dédié aux expositions temporaires. Aujourd’hui, le Prado fait partie du « triangle d’or » madrilène, avec le musée de la Reine Sofia et le musée Thyssen.


    Venir au musée

    Situé près de la gare Atocha, le musée est en plein cœur de Madrid. De grands axes y mènent, et il y a quelques places de parking aux alentours (mais aucune idée du prix). L’idéal, c’est de venir en taxi (beaucoup utilisé à Madrid), en métro (arrêt Atocha ou Banco de España) ou à pied. C’est cette dernière option que nous avons retenue. Le musée est bien indiqué et bénéficie d’une signalétique particulière pour les piétons.

    Prado, test, visite, MadridLes panneaux indiquant les directions piétonnes

    Une fois devant le musée, si vous avez acheté vos billets en ligne (c’est l’idéal), l’entrée se fait par le côté/arrière.

    Prado, test, visite, MadridEntrée du musée pour les personnes déjà munies de billets

    Si vous n’avez pas de billets, vous devez faire la queue devant le musée. La file avance assez vite. Pour les personnes prioritaires, il y a possibilité de couper la queue en vous mettant devant les poteaux de balisage en attendant que l’agent s’occupe de vous. Attention, nous on a dû s’égosiller pour se faire remarquer… Une fois les billets achetés, on emprunte les escaliers en façade, pour regagner le premier étage. Pour les personnes en fauteuil roulant, rien n’était indiqué, mais il y a un ascenseur dans le musée. L’entrée se fait manifestement par l’entrée des personnes déjà munies de billets, qui est, elle, au rez-de-chaussée.

    Le Prado est gratuit le soir entre 18h et 20h du lundi au samedi et de 17h à 19h le dimanche et les jours féries. L’occasion pour ceux qui veulent découvrir quelques collections du musée de s’y aventurer. En tarif plein, l’entrée est à 14 €, 25 € pour l’entrée et le guide du musée. On vous conseille ce dernier choix, le guide est en réalité un livre de 500 pages illustrées et plutôt bien fait. Cela compense le fait qu’on ne puisse pas faire de photos et est l’occasion d’approfondir certaines œuvres. Seul bémol, aller chercher le guide dans la boutique du musée (voir musée et service).

    Le bâtiment

    De style néoclassique, le bâtiment est aussi imposant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Les allées sont spacieuses, et le musée ne risque pas l’engorgement. Cependant, qui dit bâtiment ancien, dit aussi des espaces qui ne sont pas forcément adaptés à la visite… Le musée est un vrai labyrinthe, où on a tendance à voir deux fois certaines choses.

    L’allée principale du musée, second niveau, source: wikipediaL’allée principale du musée, second niveau, source: wikipedia

    Le musée et les services

    Rénové en 2007, le musée aurait pu s’adapter pour être accessible aux publics handicapés. Mais dehors de l’ascenseur et des rampes, qui ne permettent pas d’aller partout, et notamment au sous-sol pour voir la collection du Dauphin, le musée ne présente aucun support en braille, aucune borne auditive ni aucune reproduction tactile. Dommage.

    A l’entrée du musée, des personnes se présentant comme des guides vous proposent une visite dans différentes langues (espagnol, anglais, français et italien). Sur le site du musée, il est indiqué 1€ par personne, mais çà nous paraît un peu bas comme tarif. Mais cette solution semble être une bonne alternative à l’audioguide (4€). Sinon, vous pouvez opter pour le guide papier, dont nous vous parlions plus haut. Il est compris dans le prix de l’entrée. Pour aller le retirer à la boutique, le personnel du point information nous ont fait traverser le musée et descendre au rez-de-chaussée alors qu’il y a une boutique le proposant au premier étage dans une des allées secondaires… Mais cela nous a permis de démarrer la visite par ordre chronologique en débutant avec les peintures romanes. 

    Le plan du musée est téléchargeable sur le site du Prado (https://www.museodelprado.es/visita-el-museo, bas de page, plano del museo).

    Les collections

    Le Prado peut se venter d’avoir entre autre la collection de peintures espagnoles la plus complète au monde. En parcourant le musée, c’est toute l’histoire de l’Espagne qui se déroule devant nos yeux et c’est sans doute l’un des musées où l’on sent le plus le poids de l’Histoire. Des œuvres aux influences arabes, des scènes religieuses des grands noms italiens, les primitifs flamands et leurs successeurs, des tableaux français hérités des Bourbons viennent compléter cette incroyable collection. D’une pièce à l’autre, on flirte avec Velázquez, Goya, Bosch, Botticelli ou Poussin. Les mots de Charles Quint qui parlait de l’Espagne comme d’un Empire où le soleil ne se couchait jamais résonnent dans chaque salle.

    Les thèmes abordés sont légèrement différents de ceux qu’on trouve dans les œuvres françaises. En mettant de côté les tableaux de Bosch, on a relevé quelques sujets particuliers.

    Le premier, c’est celui de Paul l’ermite, notamment présent dans un tableau de Velázquez. Selon la Légende dorée, il se serait écarté du monde afin d’éviter les persécutions de l’empereur Dèce autour de 300 après J.C.. Vivant dans une grotte pendant 60 ans, où un corbeau lui apportant quotidiennement son repas, il reçoit, un jour la visite d’Antoine qui, après avoir appris qu’il n’était pas lui-même le premier ermite, s’était mis à la recherche de Paul. Le corbeau amena ce jour-ci deux rations de pains et Paul mourut peut de temps après cette rencontre. Il fut enterré par deux lions.

    Prado, test, visite, MadridSaint Antoine Abbé et Saint Paul, premier ermite, Velazquez,1634

    Le second, c’est saint Jérôme. Pour être bref, Jérôme se convertit à 18 ans, en 365 après J.C., suite à un rêve énigmatique, puis il fait plusieurs voyages, avant de vivre en ermite dans le désert. Il finit par être ordonné prêtre, et en 383 il est appelé par le Pape Damase Ier pour traduire la Bible en latin, chose qu’il fera toute sa vie, même après la mort du Pape et un retour en Terre Sainte avec une de ses disciples Paule.

    On retrouve aussi des scènes illustrant la famille royale (les Ménines) et des scènes de vie quotidienne (Goya).

    Enfin, on voudrait vous parler du trésor du Dauphin, au niveau -1. Boudée par les visiteurs, qui lui préfèrent les grands noms de la peinture, la collection est pourtant saisissante. Il s’agit de pièces d’orfèvrerie, dont 71 sont réalisées avec des matériaux précieux et 49 sont en cristal de roche. Les objets datent du XVIe et XVIIe siècles et sont l’œuvre d’artisans parisiens et italiens (notamment milanais). On retrouve beaucoup de dragons et de Cupidon ou encore un escargot.

    Cette collection comporte une seconde partie qui se trouve au Musée du Louvre. Elle appartenait au fils de Louis XIV, le Grand Dauphin, qui mourut avant de monter sur le trône, et légua ce trésor à son fils, Philippe V, roi d’Espagne.

    Le lieu vaut vraiment le détour, et permet de voir que les sujets d’inspiration de l’époque étaient plutôt originaux.

    Prado, test, visite, MadridRécipient en forme de dragon, en cristal de roche, source: Carlos Reusser/Wikipedia

    La scénographie

    Le musée ne présente pas véritablement de scénographie. Resté un musée du XIXe siècle, le visiteur ne peut recevoir comme aide extérieure que celle d’un guide papier ou physique. Il n’y a pas de fléchages et on se perd rapidement. Les cartels, qui sont souvent de la même couleur que les murs et donc peu visibles, racontent généralement des événements liés aux sujets ou à la réalisation (modèle, biographie du peintre) mais ne présentent pas le thème ou le style. Ces choix ne perturberont que peu ceux qui ont une certaine culture générale et qui sont habitués aux institutions muséales, mais les autres publics se peuvent se retrouver vite dépassés.

    Nous avons abordé l’absence d’aide à la visite pour les personnes déficientes visuelles, mais la muséographie n’est pas non plus l’idéal pour le jeune public, sauf s’il a l’habitude des musées de peinture.

    Le fait que le musée soit gratuit pendant deux heures chaque jour est l’occasion de faire découvrir à petites doses les œuvres, surtout si vous avez des enfants : mieux vaut un discours captivant et court que des heures de blabla…

    Difficile d’expliquer ce choix... Il est possible que le musée ait préféré poursuivre sa politique d’achat, plus prestigieuse pour l’image du musée, qu’une scénographie attractive. En tout cas, le musée semble ravi de sa dernière acquisition, la Vierge à la Grenade, annoncée jusqu’à l’entrée du musée.

    Prado, test, visite, MadridPromotion de l'achat de la Vierge à la Grenade

    Mon avis

    J’imaginais le Prado comme un musée semblable au Louvre. Mais en réalité les deux établissements sont extrêmement différents. Nous n’avons pas croisé de copistes au Prado, les photos sont interdites… Et même si scénographiquement les établissements sont assez proches, nous avons eu le sentiment que le Prado ne vivait pas. On défile dans des allées, croulant sous le poids de l’Histoire sans pouvoir prendre du recul.

    Cependant, le lieu est extrêmement attractif et on pourrait tourner pendant des heures dans les salles, redécouvrant et s'émotionnant constamment. Pour ma part, même si j’ai regretté l’absence de scénographie, j’y referai une étape à ma prochaine visite à Madrid, rien que pour retrouver ce sentiment de spectateur de l’Histoire. 



    Source

    https://www.museodelprado.es

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Musée_du_Prado

    http://www.esmadrid.com/fr/information-touristique/museo-del-prado

  • Horaires

    Du lundi au samedi: de 10h à 20h
    Le dimanche et jours de fêtes: de 10h à 19h

    Horaires réduits le 6 janvier, 24 et 31 décembre: de 10h à 14h

    Fermé le 1er janvier, 1er mai et 25 décembre


  • Tarif plein: 16€

    Tarif plein + guide papier: 25€

    Tarif réduit: 8€

    Gratuit de 18h à 20h du lundi au samedi et de 17h à 19h le dimanche et jours fériés