On a testé Un Gaulois dans mon cartable au MuséoParc d’Alésia (21)
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  • Cet article a donné lieu à une conférence, sa présentation est donc légèrement différente de celle des autres articles.

    Des barbares, des brutes prêtes à se battre à la première occasion mais effrayées par le fait que le ciel puisse leurs tomber sur la tête, voilà les idées reçues qu’on entend le plus souvent sur les Gaulois. Heureusement, dans nos livres scolaires, les Romains ont amené, avec la colonisation, la civilisation et permis aux Gaulois de devenir une nation éduquée.

    Une Légende Noire, héritée des aléas de l’Histoire, qui a été réécrite au gré des besoins. Car en plus d’être des barbares chez les Romains, les Gaulois sont décrits comme « horreur de la nature » au Siècle des Lumières, avant de devenir un symbole pour Napoléon III, et d’être enfin « sauvés » grâce au développement de l’archéologie. Initiée par quelques passionnés, comme Bulliot à Bibracte, la redécouverte des Gaulois peine malheureusement à s’imposer face aux idées reçues encore véhiculées par notre société, à commencer par l’école.

     

    Qui sont les Gaulois ?

            Les origines

    Des Gaulois à Astérix, conférence Espace des Arts, Un Gaulois dans mon cartable, MuséoParc d’Alésia

    Les Gaulois sont issus des civilisations celtiques de l’Âge du fer, c’est-à-dire entre le VIIIe  et le Ve  siècle avant J.C.. Les Celtes sont installés en Europe Centrale. Ils parlent une langue proche, ont des éléments de culture communs, comme les tombes à char, ou une organisation autour d’oppida. On parle alors de culture d’Hallstaat.

    Entre le Ve et le Ier siècle avant J.C., durant la culture de la Tène, des tribus migrent entre autre vers l’Europe de l’Ouest, et se rassemblent autour d’un chef ou d’un roi, comme les Eduens, les Arvennes ou les Lingons. Plusieurs celtes s’attaqueront à Rome et aux mondes « civilisés », comme Brennus, issu des Senons, qui saccage Rome en -390, ou un autre Brennus qui détruit le sanctuaire de Delphes en -279.

    Après la conquête par Jules César de la Gaule, les Gaulois connaîtront une longue acculturation, déjà débutée avec les contacts entre les deux civilisations, pour donner naissance aux Gallo-romains.


             Les peuples gaulois

    Des Gaulois à Astérix, conférence Espace des Arts, Un Gaulois dans mon cartable, MuséoParc d’Alésia

    L’une des seules ressources écrites que nous ayons à notre disposition pour connaître la population gauloise est celle de Jules César, qu’on sait aujourd’hui erronée. Car le chef de guerre avaient tendance à sous-estimer les habitants d’un territoire et à en exagérer les guerriers. C’est d’ailleurs ce dernier qui invente la Gaule, en la divisant en trois zones géographiques (l’Aquitaine, la Gaule Chevelue et la Belgique).

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    Les Gaulois sont organisés en civitates, c’est-à-dire en chef-lieu et en territoire, autour d’un chef de tribus qui peut être un roi ou un magistrat élu, comme c’est le cas chez les Eduens. Leur société s’organise autour de la noblesse, des agriculteurs et éleveurs, des artisans et des druides, qui réfléchissent, éduquent les jeunes nobles et peuvent parfois occuper des fonctions judiciaires. Il y a des esclaves qui sont des prisonniers de guerres. Chaque tribu bénéficie d’une armée distincte. Les institutions gauloises sont proches de celles des Grecs et des Romains, avec une assemblée du peuple, un sénat et des magistrats placés sous l’autorité d’un vergobret, qui est un magistrat. Les femmes occupent une place plus grande que les femmes grecques et romaines.

    Des Gaulois à Astérix, conférence Espace des Arts, Un Gaulois dans mon cartable, MuséoParc d’Alésia

    Les Gaulois se regroupent autour d’un oppidum, qui est une place forte, qui se développe très massivement au IIe siècle. Il est choisi en hauteur et entouré d’un Murus Gallicus, un rempart jugé imprenable grâce à sa combinaison de matériaux en terre, en pierre et en bois. 

    Des Gaulois à Astérix, conférence Espace des Arts, Un Gaulois dans mon cartable, MuséoParc d’Alésia

    Des Gaulois à Astérix, conférence Espace des Arts, Un Gaulois dans mon cartable, MuséoParc d’Alésia

    A l’intérieur de cette enceinte se développe une ville, avec des quartiers spécialisés, comme c’est le cas à Bibracte, avec ses 200 hectares. Au moment de la conquête romaine, la Gaule est alors  en pleine urbanisation.

    Des Gaulois à Astérix, conférence Espace des Arts, Un Gaulois dans mon cartable, MuséoParc d’Alésia

    Les Gaulois sont très soucieux de leur apparence. Ils utilisent des rasoirs et des pinces à épiler, se décolorent les cheveux avec de la chaux ou de l’argile pour obtenir une couleur blonde et rousse. On sait aussi qu’en contact avec les autres civilisations, dont les Phéniciens, les Gaulois laissent progressivement les peaux d’animaux pour des tissus, qu’ils aiment avec des motifs variés (croix, losanges ou feuillage) et très colorés. Ils savent filer la laine, tisser, exploitent le chanvre et le lin. Les vêtement aux couleurs unies sont réservés aux esclaves ; les prêtres portent eux des tuniques et des manteaux blancs.

    La tenue gauloise se compose de tuniques semi-collantes, avec des manches courtes ou longues, et avec ou sans ceinture. Les hommes portent sous cette tunique une sorte de pantalons larges resserrés à la cheville, les braies. Par dessus, ils ajoutent un manteau, dont on connaît un nombre important de variété, comme le poenula, sorte de pèlerine à capuchon ou la caracalla, un manteau à capuchon. Pour les femmes, les braies sont remplacées par une jupe, et le manteau par un châle, dans lequel elles s’enroulaient.

    Les tenues sont agrémentées de bijoux très stylisés et colorés, de bracelets, d’anneaux, de bracelets de cheville ou de fibules. La matière la plus utilisée est le bronze, mais certains détails sont en corail ou en émail. L’ambre reste privilégiée pour la création de perles. Enfin, les Gaulois peuvent couvrir leur tête avec des bonnets en poil ou en étoffe. Ils marchent généralement nu-pieds, sauf en hiver où ils utilisent des sandales ou socques en bois ou en liège, voir des babouches pour les plus aisés.

    Au total, les Gaulois correspondent à une centaine de peuples, de fédérations ou d’associations, qui diffèrent de pas leur taille, leur organisation politique mais aussi leur relation avec Rome, avec qui les échanges ont été plutôt cordiaux.

    Les tribus gauloises ne vivaient pas dans un pays uni, mais ils avaient néanmoins un sentiment d’appartenance à un peuple commun. Les populations peuvent laisser de côté leurs différents pour se rassembler et s’unir dans la défense d’un territoire commun, comme ce fut le cas lors du ralliement des Gaulois autour de Vercingétorix.

    Elles partagent également des points communs dans les domaines de l’urbanisme, de l’agriculture, du commerce ou encore de l’art, comme en témoignent les vestiges du site de Bibracte.


              L’urbanisme

    Des Gaulois à Astérix, conférence Espace des Arts, Un Gaulois dans mon cartable, MuséoParc d’Alésia

    L’un des exemples d’organisations urbaines les plus représentatifs se trouve à Bibracte. L’histoire de l’oppidum éduen débute au IIe siècle avant Jésus Christ. Il aurait abrité jusqu’à 10 000 habitants au moment de la Guerre des Gaules. Abandonné un siècle plus tard au profit d’Autun, le lieu abritait un quartier artisanal, celui du Rebout, avec des métallurgistes, des bronziers spécialisés dans les fibules en fer ; un quartier résidentiel, avec demeures typiquement gauloises, c’est-à-dire rectangulaires avec des ossatures en bois et une surface étroite, et avec quelques maisons à la romaine comme celle dite du PC1; et un quartier commercial et religieux.

    Des Gaulois à Astérix, conférence Espace des Arts, Un Gaulois dans mon cartable, MuséoParc d’Alésia, Bibracte

    Les habitations sont convenables et disposent d’un confort non négligeable.

     

               L’agriculture

    Des Gaulois à Astérix, conférence Espace des Arts, Un Gaulois dans mon cartable, MuséoParc d’Alésia

    Contrairement à ce qu’on entend souvent, les Gaulois ne vivaient pas dans un milieu forestier, comme le suggère le terme Gaule Chevelue, mais dans des zones bien déchiffrées. On estime aujourd’hui que le niveau de forêts était inférieur au nôtre.

    La chasse, notamment au sanglier, était occasionnelle, et les Gaulois étaient de très bons agriculteurs et éleveurs. C’est d’ailleurs la première activité économique du « pays », nécessaire à nourrir les 18 millions d’habitants estimés par les historiens. Les campagnes sont donc exploitées de façon relativement intensives, avec la culture de céréales (millet, orge, épeautre, blé…) et de l’élevage (bovidés, porcs, moutons, volailles…).

    La production était gérée par des fermes plus ou moins grandes, allant de la petite à la grosse exploitation. Les Gaulois excellent dans les inventions et le perfectionnement des outils agricoles comme la hache et la serpe pour le bois… Ils pratiquent également la gestion forestière en sélectionnant les bois de chauffe et de construction.


             L’artisanat 

    Des Gaulois à Astérix, conférence Espace des Arts, Un Gaulois dans mon cartable, MuséoParc d’Alésia

    Les Gaulois excellant dans le domaine de l’extraction et de la transformation des minerais. Ils maîtrisent la sidérurgie, l’armement et la charronnerie (la fabrication de roues). Ils inventent la cote de maille et imaginent un casque qui couvre les joues, immédiatement copiés par les Romains.

    Les Gaulois sont aussi de remarquables charpentiers, menuisiers, layetiers (fabricants de coffres) et boisseliers (assembleurs de seaux et de baquets).

    Ils tournent des pots dans un style particulier et réutilisent les os pour créer des dés, des boutons, des pendentifs ou des décors de coffres.

    Seul domaine qui leur résiste : le soufflage du verre, qui reste grossier, malgré l’intervention de plusieurs artisans sur une même pièce pour créer des formes ou des motifs particuliers.


             Le commerce vinicole

    Des Gaulois à Astérix, conférence Espace des Arts, Un Gaulois dans mon cartable, MuséoParc d’Alésia

    Image véhiculée entre autre par Astérix, le caractère de bons vivants des Gaulois n’est pas totalement faux. Ces derniers aiment manger mais aussi boire du vin, de la bière et de l’hydromel. La vigne, introduite par les grecs en 600 avant J.C., est exploitée pour son vin qui est ensuite vendu chez les peuplades voisines. Les Gaulois préfèrent en effet acheter du vin rouge aux Romains, qui préfèrent alors le vin blanc. L’importation se fait par voies navales et fluviales. Les bateaux en provenance de la Péninsule italique peuvent alors compter jusqu’à 10 000 amphores. Peu pratiques, les amphores vont être remplacées dans le monde celtique par le tonneau, inventé par les Gaulois.


              Les monnaies gauloises

    Des Gaulois à Astérix, conférence Espace des Arts, Un Gaulois dans mon cartable, MuséoParc d’Alésia

    Des Gaulois à Astérix, conférence Espace des Arts, Un Gaulois dans mon cartable, MuséoParc d’Alésia

    Les échanges commerciaux et le contact avec les autres peuples permettent le développement de l’économie, et par extension de la monnaie. Certains celtes, comme les Helvètes, sont des mercenaires professionnels et servent dans les armées voisines contre un salaire dès la fin du IVe siècle avant J.C. Ils ramènent ainsi la monnaie dans leur tribu, qu’ils utilisent initialement pour l’achat d’objets de prestiges, importés et rares. Les monnaies gauloises, dont les potins, apparaissent au IIIe siècle avant J.C.. Leur utilisation est plus populaire et servent à payer des objets du quotidien, des travaux ou les denrées alimentaires.

    Cependant les pièces ne sont acceptées que dans les zones d’émission, et les Gaulois prennent vite conscience de la limite du système. Ainsi, en 150 avant J.C., les Eduens, les Séquanes et les Lingons se liguent pour à frapper une pièce d’argent commune, calquée sur le denier romain. 


              La production artistique

    Des Gaulois à Astérix, conférence Espace des Arts, Un Gaulois dans mon cartable, MuséoParc d’Alésia

    En plus de se démarquer dans le domaine de l’artisanat, les Gaulois maitrisent également la production d’objets d’arts (bracelets, torques, fibules, sortes de broches servant à tenir ensemble deux pans d’un vêtement). Ils décorent leurs armes et leurs vases.

    Des Gaulois à Astérix, conférence Espace des Arts, Un Gaulois dans mon cartable, MuséoParc d’Alésia

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    Le style gaulois est très abstrait, jouant sur les formes géométriques ou les courbes mais on peut parfois y reconnaître un animal, dont le sanglier. Dans ces illustrations, les animaux sont représentés dans différents états, allant de l’agitation à la sérénité. L’art reste utilitaire, contrairement à celui des romains, ce qui explique que ces derniers jugeaient les Gaulois incapables de produire des œuvres d’arts. De plus, les druides ont interdit très tôt la vénération des statues.


              La langue

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    Presque 200 mots gaulois ont glissé dans notre français actuel : chemin, alouette, ardoise, auvent, blaireau, bouleau, bruyère, caillou, char, charpente et chiendent.

    On connaît cependant peu de chose de cette langue celtique, car les Gaulois n’écrivaient pas pour se raconter ou raconter l’histoire. Ils n’utilisaient l’écriture pour la comptabilité et les textes juridiques. Parfois, ils ont même recours à des alphabets voisins pour rédiger des documents. On estime cependant que les Gaulois parlent une langue très proche voire similaire, qui est issue le gallois, le breton ou le vieil irlandais.

     

              Les croyances religieuses

    Des Gaulois à Astérix, conférence Espace des Arts, Un Gaulois dans mon cartable, MuséoParc d’Alésia

    On ne connaît que quelques divinités du panthéon gaulois : Cernunnos, dieu de la chasse, Taranisn le maître du ciel, Teutatès, le dieu de la guerre, Lugus, le gardien du feu ou encore Epona, la protectrice des chevaux font partie du panthéon gaulois. Si on sait que les Gaulois sont très religieux, on ignore si ces divinités étaient toutes vénérées sur le territoire ou si certaines villes vouaient un culte plus particulier à tel ou tel divinité.

    On sait également que les druides sont au-dessus de la pyramide sociale. Ils maîtrisent l’astronomie, pratiquent la divination, étudient les maths et la géométrie, servent de médecins et de pharmaciens, philosophent et assurent la transmission orale. Opposés à coucher leur savoir sur du papier pour garder le monopole de la transmission et éviter la culture de masse, ces connaissances disparaîtront avec les druides.

     

    Les Gaulois vus par les autres peuples

    Des Gaulois à Astérix, conférence Espace des Arts, Un Gaulois dans mon cartable, MuséoParc d’Alésia

    Jusqu’aux découvertes archéologiques, nous disposions de peu de choses sur les Gaulois, en dehors des descriptions, peu élogieuses de leur voisin.

    Chez les Grecs, qui les appellent les Galates, les Gaulois sont des mercenaires courageux avec une valeur guerrière. Hésiode, qui les reconnaît comme les Ligures, ajoute qu’il s’agit d’une grande nation, au même titre que les Ethiopiens et les Scythes.

    Pour Strabon les Germains sont « identiques aux Gaulois par leur aspect physique et leur mode de vie, tout en étant plus sauvages, plus grands et aussi plus blonds ».

    Cicéron évoque des sacrifices humains, mais on sait aujourd’hui que les druides les ont interdit très vite et remplacé par des sacrifices animaux, comme cela a été le cas en Grèce ou en Italie.

    Enfin, les Romains parlent d’une population d’illettrés, incapables de produire des œuvres d’art.

    La Guerre des Gaules

    Suite à la création de la Narbonnaise par les Romains (en 118 av. J.- C.), la Gaule fut culturellement scindée en deux : la Gaule en Toge et la Gaule chevelue.

    Dans la Guerre des Gaules, César s’étend beaucoup sur le pays et ses habitants. Il n’hésite d’ailleurs pas à récrire l’histoire, pour en tirer partie. Il invente la Gaule et ces Gaulois, sous-estime le nombre d’habitants et exagère le nombre de guerriers.

    Jules César admire quelques éléments de la culture gauloise, dont le Murus Gallicus, qu’il décrit précisément, stipulant qu’il entourait un oppidum, fortification dont il ne parle sans s’étendre.

    Toutes ces idées fausses sont à l’origine de la Légende noire des Gaulois, qui perdurent encore aujourd’hui.  Après l’invasion romaine, la Gaule devient doucement gallo-romaine, puis à la chute de l’empire romain, les peuples mérovingiens prennent le pouvoir….


    La réutilisation des Gaulois au cours de l’histoire 

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    L’existence des celtes aurait pu s’arrêter là. En effet, les premiers rois francs ont décidé de rassembler autour du christianisme et de se réclamer de la civilisation romaine.

    Au XVIe, alors que l’Europe est en pleine redécouverte de l’Antiquité, des historiens profite de la tendance pour remettre au goût du jour la vieille légende des origines troyennes des francs. Apparue au VIIIe siècle, le mythe faisait des Gaulois des descendants des Troyens, et donc des frères des Italiens, issus du héros troyen Enée. La légende fut très populaire dans la littérature courtoise, dans laquelle ont racontait que les Troyens avaient amené le déchiffrement et la hiérarchie féodale, avant d’être reprise par Ronsard.

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    Au XVIIe siècle, la celtomanie toujours à la mode. Dans l’Astrée d’Honoré d’Urfé en 1627, qui connaît un succès retentissant en Europe, Astrée et Céladon évoluent dans une Gaule indépendante et pastorale, peuplée de druides et de divers personnages.

    On imagine alors la Gaule comme un pays gouverné par des assemblées tenues par des druides. Mais durant son règne, Louis XIV revalorise la monarchie absolue. Le Roi cherche une continuité avec Rome et se réclament comme le successeur de César ou d’Auguste. Il se lance également dans une traduction de la Guerre des Gaules.

    Sous Lumières, au XVIIIe siècle, les celtes n’ont plus la côte. Dans l’Encyclopédie, l’article consacré aux Gaulois explique que : « Les mœurs des Gaulois du temps de César, étaient la barbarie même .... Il faut, comme le dit M. de Voltaire, détourner les yeux de ces temps horribles, qui font la honte de la nature ». Quelques archéologue amateurs restent cependant fascinés par le druidisme, et imaginent les mégalithiques comme des temples gaulois sur lesquels ont lieu des sacrifices humains.

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    Au XIXe siècle, un nouveau courant littéraire, initié par le poète James Marpherson, un écossais, remet à la mode les Gaulois. La mode traverse la Manche et gagne la France. Les arts se repeuplent de Gaulois, bien que la Révolution ait tenté de valoriser la période de la Rome républicaine et la ville Sparte, idéal de la vertu.

    En 1828, Amédée Thierry relit les documents antiques et rédigent une Histoire des Gaulois, dans lequel il parle de « Nos ancêtres les Gaulois ».

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    Henri Martin, dans la monumentale Histoire de France en dix-neuf volumes, publiés de 1837 à 1854, puis refondue et rééditée de 1855 à 1860, définit le peuple gaulois en fonction d’un territoire, délimité par une frontière naturelle, le Rhin.

    Ces premières théories permettent d’esquisser les premiers livres scolaires, apparus en 1791, mais aussi de faire naître un sentiment d’appartenance à un peuple commun, qu’il faut défendre. L’Europe est alors en pleine quête identitaire, et ces idéologies servent à préparer la France à la guerre contre son ennemi idéal : l’Allemagne des Germains.

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    Napoléon III, auteur d’une biographie de Jules César (en 1866), contribue à ranimer le passé gaulois. Il souhaite découvrir l’histoire des français mais aussi les réunir autour d’un passé commun, car à l’époque, la France connaît de fortes différences régionales et linguistiques. Il se lance à la recherche de plusieurs lieux de batailles gauloises, comme Gergovie et Alésia. Il favorise le développement de sociétés savantes menant des fouilles archéologiques et dote plusieurs chantiers, dont celui de Bulliot et Déchelette à Bibracte. Il encourage la transmission des savoirs à l’échelle européenne, encourageant Déchelette à aller visiter les oppida européens pour confronter les découvertes. 

    Des Gaulois à Astérix, conférence Espace des Arts, Un Gaulois dans mon cartable, MuséoParc d’Alésia

    Enfin, il commande au sculpteur Aimé Millet un Vercingétorix moustachu lui aussi, qu’il installe à Alésia. 

    Après l’Empire, les politiques souhaitent se débarrasser des idéologies nationalistes. Les instituteurs de la Troisième République remettent en cause les emplacements des sites archéologiques découverts quelques décennies plus tôt. Vercingétorix, devenu un héros résistant à l’envahisseur lors du conflit franco-allemand de 1870, reste néanmoins central, notamment dans l’enseignement scolaire. Les manuels scolaires sont illustrés de reproductions d’estampes avec des représentations archétypales : sacrifice humain par un druide sur un dolmen, reddition du valeureux Vercingétorix à cheval, jetant ses armes aux pieds de César.

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    En 1884, Ernest Lavisse, dans son Histoire de France illustrée depuis les origines jusqu’à la Révolution, transmets aux petits français une image erronée des Gaulois, les décrivant comme des barbares hirsutes indisciplinés mais « braves, intelligents et gais ». Dans Le Tour de la France par deux enfants d’Augustine Fouillée, destiné au cours moyen, on peut y lire que la Gaule est « presque entièrement couverte de forêts. Il y avait peu de villes et la moindre ferme de votre village, enfant, vous semblait sublime », « Les Romains possédèrent la Gaule pendant environ quatre cents ans. Comme ils étaient très civilisés, ils civilisèrent les Gaulois ».

    Ces Gaulois farouches deviennent un modèle pour des milliers d’écoliers, à travers lesquels ils apprennent à résister à l’envahisseur qui a pris l’Alsace et la Lorraine mais à accepter l’idée qu’une population plus évoluée colonise un autre pays pour lui apporter la civilisation, justifiant ainsi l’expansionnisme en Afrique.

    Durant cette période, quelques scientifiques ont décidé de poursuivre leurs recherches sur la civilisation gauloise. Les fouilles non officielles continuent et les thèses viennent contredire les enseignements. Ainsi, dans l’Histoire de France en 100 tableaux, Paul Lehugueur précise dès 1886 que les dolmens sont plus anciens que les Gaulois.

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    Pendant la Première Guerre Mondiale, les poilus sont assimilés aux Gaulois, de fiers guerriers qui se battent pour récupérer les limites naturelles de la Gaule. Ils fument des cigarettes Gauloises et après la guerre, les monuments aux morts se couvriront de coq et de guerriers gaulois.

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    Pendant la Deuxième Guerre Mondiale, le Maréchal Pétain se voit dans Vercingétorix, le héros gaulois qui su rester digne dans défaite et qui eut la lucidité de se placer sous la domination militaire romaine. Le Général de Gaulle identifie, quant à lui, les Gaulois aux premiers résistants.


    Et aujourd’hui ?

    Depuis la réforme scolaire introduite par François Bayrou, en 1995-1996, alors qu’il était ministre de l’Éducation, on enseigne la Préhistoire à travers les exemples de grottes ornées, l’Égypte et les grandes civilisations du Croissant fertile… La Gaule n’apparaît qu’au moment où l’on évoque les conquêtes romaines, lorsque Rome a fait à ces barbares l’honneur de venir les civiliser. Cette tendance disparaît lentement, car on préfère désormais confronter les élèves aux sources historiques. Cependant, les préjugés sur les Gaulois ont toujours la vie dure.

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    La réhabilitation : l’exposition du MuséoParc d’Alésia

    Des Gaulois à Astérix, conférence Espace des Arts, Un Gaulois dans mon cartable, MuséoParc d’Alésia

    Depuis deux décennies, les scientifiques essayent de redorer le blason des Gaulois. Pour contrer les idées reçues, la sensibilisation est passée par les établissements culturels, à défaut de passer par l’école, dont les manuels sont toujours les premiers à véhiculer des idées fausses et dépassées. C’est le thème de l’exposition Un Gaulois dans mon cartable, démonté la Légende Noire.

    L’équipe du MuséoParc voulait monter une exposition qui instruisait autant qu’elle divertissait. Le projet a donc été monté avec les classes de CE2 et CM1 de l’Ecole de la Trémouille à Dijon. Pour construire l’exposition, ce sont 112 ouvrages qui ont été retenus, de la fin du XIXe siècle au début des années 2010. De ces ouvrages, le MuséoParc en a extrait des textes, des illustrations et des extraits numériques.

    Des Gaulois à Astérix, conférence Espace des Arts, Un Gaulois dans mon cartable, MuséoParc d’Alésia

    L’exposition débute dans une salle de classe des années 50/60. 

    Des Gaulois à Astérix, conférence Espace des Arts, Un Gaulois dans mon cartable, MuséoParc d’Alésia

    Sur les bureaux, des livres scolaires de différentes époques sont disposés. Des cartels posés à côté des livres présentent les manuels. 

    Des Gaulois à Astérix, conférence Espace des Arts, Un Gaulois dans mon cartable, MuséoParc d’Alésia

    Sur les murs, des illustrations issues de ces livres scolaires présentent  la vision qu’on se faisait de la vie quotidienne des Gaulois au cours des différentes dates. Sur le tableau, une chronologie revient sur les grandes dates de l’enseignement de l’histoire. 

    Des Gaulois à Astérix, conférence Espace des Arts, Un Gaulois dans mon cartable, MuséoParc d’Alésia

    Des Gaulois à Astérix, conférence Espace des Arts, Un Gaulois dans mon cartable, MuséoParc d’Alésia

    Au-delà des textes erronés et voire extrêmement trompeurs sur les Gaulois, l’exposition révèle également dans la façon d’enseigner l’histoire : qui savait qu’en 1878 un inspecteur général propose de compter l’histoire, comme un récit aux élèves alors que de nos jours, on fait confronter aux élèves les documents scientifiques aux anciennes descriptions des Gaulois.

    Des Gaulois à Astérix, conférence Espace des Arts, Un Gaulois dans mon cartable, MuséoParc d’Alésia

    Dans la seconde salle, nous nous retrouvons face à des livres ouverts où les erreurs ont été barrées au stylo rouge, à la façon d’une correction d’instituteur. La date de publication des manuels change, mais les idées restent fausses. On remarque cependant que Vercingétorix reste le personnage emblématique de l’histoire gauloise. 

    Des Gaulois à Astérix, conférence Espace des Arts, Un Gaulois dans mon cartable, MuséoParc d’Alésia

    Au milieu de la pièce, sur de grands livres, un écran tactile permet de tester ses connaissances sur les Gaulois. Un moment de partage et de convivialité qui ne plait pas qu’aux plus jeunes. Certes, au fil des années, les phrases barrées se réduisent, mais certaines aberrations sont toujours là.

    La scénographie présente des teintes très dynamiques, d’un orange très soutenu, qui rappelle les codes couleurs de nos livres actuels. Les livres sont volontaires très présents voire immenses pour traduire le poids du savoir et de la transmission. Devant ses ouvrages, les souvenirs remontent et on est pris d’une envie soudaine de retrouver son livre scolaire. On cherche alors dans la bibliothèque, sur les tables et on regarde les erreurs qu’il comportait, un peu déçu de ses heures perdues à apprendre une histoire imaginée.

    Des Gaulois à Astérix, conférence Espace des Arts, Un Gaulois dans mon cartable, MuséoParc d’Alésia

    La dernière salle propose une immersion dans une demeure gauloise. L’espace interactif nous invite à revêtir une tenue gauloise et de s’installer devant un écran. 

    Des Gaulois à Astérix, conférence Espace des Arts, Un Gaulois dans mon cartable, MuséoParc d’Alésia

    Notre image est alors projetée dans un intérieur cosy et confortable. Installé auprès du feu, sabre et bouclier en main, les futurs guerriers se figurent alors l’environnement des Gaulois. Aucune ligne d’écriture pour transmettre le savoir, un clin d’œil à la place que prend le numérique dans l’éducation.

    Des Gaulois à Astérix, conférence Espace des Arts, Un Gaulois dans mon cartable, MuséoParc d’Alésia

    La visite se termine avec un vrai faux pour définitivement enterrer les idées reçues sur ces ancêtres qu’on a tant négligés.



    Sources

    https://lejournal.cnrs.fr/articles/qui-etaient-vraiment-les-gaulois

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Gaulois_(peuples)

    http://www.lhistoire.fr/«-cest-césar-qui-inventé-la-gaule-»

    http://www.france-pittoresque.com/spip.php?article1673

    La Bourgogne Gauloise, Beaux-Arts Edition

    Bibracte, une ville entre deux monde, Nouvelle Imprimerie Laballery, 2017

    Un Gaulois dans mon cartable, Guide de l’exposition

  • Horaires

    Ouvert tous les jours, y compris dimanche et jours fériés

    Février-Mars : de 10 h à 17 h

    Avril-Mai-Juin : de 10 h à 18 h

    Juillet-Août : de 10 h à 19 h

    Septembre-Octobre : de 10 h à 18 h

    Novembre : de 10 h à 17 h

  • Centre d'interprétation + vestiges gallo-romains

    Haute/Basse saison



    Plein tarif
     : 12€ / 10€
    Tarif réduit (Étudiant de moins de 26 ans, apprenti, famille nombreuse, demandeur d'emploi) : 10€ / 8€
    Tarif enfant (de 7 à 16 ans) : 7€ / 6€




    Centre d'interprétation

    Haute/Basse saison

    Plein tarif
     : 10€ / 8€

    Tarif réduit (Étudiant de moins de 26 ans, apprenti, famille nombreuse, demandeur d'emploi) : 8€ / 6,5€

    Tarif enfant (de 7 à 16 ans) : 6€ / 4,5€

    Plus de tarifs ici