​Voyage en Italie : six villes, six styles
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  • L’Italie! 2500 ans d’histoire prestigieuse, 48 sites classés à l’Unesco, 3 000 musées et des villes connues dans le monde entier qui attirent chaque année plus de 55 millions de touristes.

    Voyager en Italie, c’est voyager dans l’histoire de l’art européen, dans ses expérimentations qui ont souvent donné naissance à des styles reconnus.

    Ainsi, dans cet article, nous allons retracer cette histoire artistique à travers six villes : Rome, Ravenne, Milan, Florence, Naples et Tarente, en nous arrêtant sur des lieux peut être un peu plus intimes.


    Rome

    Voyage en Italie : six villes, six styles

    Fondée en 753 avt J.C. sur le mythe de Romulus et Remus, la ville présente rapidement des caractéristiques pour devenir la capitale du royaume, de la République puis de l’Empire romain. A partir du XVe siècle, la ville de Rome devient également la capitale de la chrétienté. Avec une histoire aussi riche, la Ville Eternelle peut se venter d’abriter des lieux de culte.

    Le panthéon : le monument romain

    Reconstruit en 125 après J.C., sur les vestiges du temple d’Agrippa, le Panthéon est un temple romain dédié à toutes les divinités. L’édifice est très original pour l’époque, et certains spécialistes y voient l’influence de l’empereur gouvernant à cette époque, Hadrien, qui avait déjà commandé une villa près de Rome assez particulière. Le Panthéon joue sur l’alternance des ambiances pour guider le visiteur dans le saint des saints. 

    L’entrée se fait par un pronaos, qui est délimité par deux murs et dont la vision est réduite par la présence de 16 colonnes de granite. De cette zone de pénombre verticale, le visiteur accède ensuite au cœur de l’édifice dans la cella, circulaire et éclairée par une rotonde. 

    Le visiteur est alors ébloui par cette lumière intense qui court le long des caissons de la coupole. Une coupole qui est la plus grande de toute l’antiquité lors de sa construction.

    Son architecte est inconnu, même si certains pensent qu’il pourrait s’agir d’Apollodore de Damas, mais on sait grâce à Dion Cassius, un historien, que l’édifice était orné de statues à l’extérieur comme à l’intérieur.

    Au VIe siècle, deux siècles après l’abandon du lieu païen, le Panthéon est transformé en église, puis à la Renaissance, un tombeau est installé dans le lieu saint. Plusieurs personnalités y sont enterrées, dont Raphaël, Victor-Emmanuel II ainsi que l’épouse de ce dernier, la reine Marguerite de Savoie. L’ambiance féérique que dégage le lieu est particulièrement propice aux festivités de la Pentecôte, durant lesquelles des pétales de rose sont lancées de la coupole.

    Les catacombes de Domitille : dans les nécropoles des premiers chrétiens

    La religion chrétienne a eu un succès rapide à Rome. La forte population juive qui y vivait s’est massivement convertie aux nouveaux préceptes. Cependant, jusqu’en 313, les chrétiens vont subir des périodes de tolérance et des périodes de fortes répressions. Constantin, le premier empereur romain à se convertir, instaure un climat de paix religieuse.

    Les catacombes ne sont pas spécifiquement chrétiennes, ils en existent chez les étrusques ou chez les juifs. Les chrétiens, en choisissant ce mode de sépultures, suivent donc une tradition déjà installée. Les catacombes de Domitille sont créées au IIe siècle après J.C. A cette époque, les romains quittent le centre de Rome, trop dangereux, pour rejoindre la périphérie, épargnée des brigands. La catacombe naît dans un jardin privé où est enterré sainte Pétronille, une descendante de l’empereur Vespasien. La sépulture devient un lieu de culte, et des chrétiens demandent à être enseveli autour de la sainte. La cherté des terrains conduit à la construction d’une catacombe, c’est-à-dire un cimetière souterrain. 

    Sous une basilique, des sépultures sont creusées dans la roche sur 4 niveaux, totalisant 12km. Certains défunts ont de simples cavités, des loculi, d’autres font inscrire des noms ou des épitaphes, mais certains ont faits ornés leur tombe de 

    Elles sont environ 80 dans toute la catacombe, mais la plus connue représente la figure du Bon Pasteur.

    Le lieu tombe dans l’oubli au VIIIe siècle, et ne sera redécouverte qu’au XVIe siècle, puis explorée par Battista De Rossi dans la seconde moitié du XIXe siècle.

    La Basilique Saint-Clément-du-Latran : du paganisme au christianisme

    La religion romaine s’est peut être montrée initialement intolérante face au christianisme, elle a néanmoins acceptée et intégrée de nombreuses autre croyances. C’est le cas du culte de Mithra, venu du Perse, qui connaît un très grand succès auprès des soldats. Lieu de mystère, le mithraeum se cache des regards des non-initiés et s’installe dans les sous-sols de la ville antique. Après le IVe siècle, de nombreux édifices sont détruits, mais certains ont été transformés en église.

    C’est le cas de la basilique St Clément, qui condense 3 édifices sur 3 niveaux : un mithraeum, une église du Ve siècle et une église du XIIe siècle.

    Le mirthraeum, le premier édifice, se compose de trois parties : une antichambre, une grotte (grande salle rectangulaire décorée de peintures et flanquée de banquettes) et le sanctuaire où se trouve l’image et l’autel de Mithra.

    La religion nous est peu connue, car il n’existe pas de textes. La transmission était purement orale. On connaît néanmoins un peu le mythe.

    « Selon un récit reconstruit à partir des images et de quelques témoignages écrits, le dieu Mithra nait d’une pierre (la petra generatrix) près d’une source sacrée, sous un arbre lui aussi sacré. Au moment de sa naissance il porte le bonnet phrygien, une torche et un couteau.

    Adoré par les pasteurs dès sa naissance, il boit l’eau de la source sacrée. Avec son couteau, il coupe le fruit de l’arbre sacré, et avec les feuilles de cet arbre se confectionne des vêtements. Il rencontre le taureau primordial alors que celui-ci paît dans les montagnes. Il le saisit par les cornes et le monte, mais, dans son galop sauvage, la bête le fait tomber. Mithra continue à s’accrocher aux cornes de l’animal, et le taureau le traîne pendant longtemps, jusqu’à ce que l’animal n’en puisse plus. Le dieu l’attache alors par les pattes arrière et le charge sur ses épaules. Ce voyage de Mithra avec le taureau sur ses épaules se nomme transitus.

    Quand Mithra arrive dans la grotte, un corbeau envoyé par le Soleil lui annonce qu’il devait faire un sacrifice, et le dieu, soumettant le taureau, lui enfonce le couteau dans le flanc. De la colonne vertébrale du taureau sort du blé, et de son sang coule du vin. Sa semence, recueillie par la lune, produit des animaux utiles aux hommes. Arrivent alors le chien qui mange le grain, le scorpion qui serre les testicules du taureau avec ses pinces, et le serpent. » (texte tiré de https://fr.wikipedia.org/wiki/Culte_de_Mithra#R.C3.A9cit_mythique)

    A la fin du IVe siècle, l’empereur Théodose choisit d’imposer le christianisme, en faisant détruire ou en transformant en église les bâtiments païens. Saint-Clément devient une église.

    Voyage en Italie : six villes, six styles

    La première basilique n’a pas un plan simple, mais elle conserve des fresques très bien conservées. En 392, une mention indique que la basilique était consacrée à Clément Ier. La petite église initiale a sans doute été agrandie au cours des siècles.

    Voyage en Italie : six villes, six stylesVie d’Alexis de Rome (xie siècle)

    Voyage en Italie : six villes, six stylesSaints Cyrille et Méthode amènent les reliques de saint Clément à Rome (xie siècle)

    Au XIe siècle, une seconde basilique est édifiée. La mode est alors à la mosaïque et au style byzantin. Construit autour d’une cour, le bâtiment présente une mosaïque dorée représentant les quatre évangélistes (de gauche à droite, Marc, Mathieu, Jean et Luc (respectivement représentés par le lion, l’ange, l’aigle et le taureau). Ils entourent le Christ et saint Pierre et saint Paul. Les moutons qui courent sur la frise en dessous de la scène représentent les apôtres et le Christ, qui est au centre. Les deux villes illustrées sont celles de Bethléem et de Jérusalem.

    A partir du XVe siècle, l’installation définitive du trône du Saint Père entraîne de grands chantiers de construction d’églises, notamment baroques. Ce mélange de styles architecturaux va permettre à Rome de devenir une des plus belles villes du monde, et une des plus touristiques.

    Ravenne

    Voyage en Italie : six villes, six styles

    A partir du IIIe/IVe siècle, dans une période qu’on appelle l’Antiquité tardive, l’Empire romain entre dans une période de troubles avec les invasions barbares. Le pouvoir impérial est fragilisé et l’Empire finit par se scinder en deux en 395. A l’ouest, l’Empire romain d’Occident est dirigé par Honorius, qui base sa cour à Milan ; à l’est, celui d’Orient, gouverné par son frère Arcadius et basé à Constantinople.

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    En 402, la menace barbare sur Milan oblige l’empereur Honorius à transférer sa capitale à Ravenne, qui dispose d’un port et qui est plus proche géographiquement de Constantinople.  Honorius est une personnalité faible, et les ficelles sont tirées en réalité par Arcadius et par sa demi-sœur Galla Placida.

    Fille de l’empereur Théodose Ier, le dernier empereur à gouverner sur la totalité de l’Empire romain, enlevée et mariée au roi des Wisigoths, Athaulf, fils d’Alaric, qui a mis Rome à sac en 410, Galla Placida va recevoir son frère Arcadius l’autorisation de résider à la cour de Ravenne en 417. Veuve depuis deux ans lorsqu’elle arrive en Italie, elle devient la régente de l’Empire en 423, à la mort d’Honorius. Son fils Valentinien III prendra ses fonctions de césar en 428, mais Galla Placida gardera une très grande influence politique jusqu’à sa mort en 450.

    Figure politique de Ravenne, elle joue également un très grand rôle dans le domaine artistique et religieux. Elle amorce un tournant artistique, permettant la transition entre l’art paléochrétien et l’art byzantin. Ce changement culturel est visible dans son mausolée.

    Le Mausolée de Galla Placida : Byzance en Italie

    Voyage en Italie : six villes, six stylesSaint Vital

    Bien que le lieu contiennent trois sarcophages, le mausolée n’accueille pas la dépouille de Galla Placida, morte et enterrée à Rome. Initialement un oratoire à Saint Laurent, le bâtiment est en plan de croix latine, en brique et décoré en mosaïque aux thèmes chrétiens. 

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    Voyage en Italie : six villes, six styles

    Voyage en Italie : six villes, six styles

    Voyage en Italie : six villes, six styles

    De tradition romaine, le bâtiment instaure un véritable renouveau avec ses représentations extrêmement expressives, proche du style en vigueur à Constantinople. Ainsi, Saint Laurent semble s’enfuir de sa maison en flamme, sur un fond bleuté qu’on retrouvera à l’époque médiévale et notamment chez les carolingiens. 

    Voyage en Italie : six villes, six styles

    Dans la métaphore du Bon Pasteur, le Christ, déguisé sous les traits d’un berger, a une posture typiquement byzantine, avec un long manteau similaire à celui des empereurs d’orient. L’art ne se contente plus de représentations simples, les symboles sont mis en scène pour narrer une histoire. 

    Galla Placida lance plusieurs chantiers de constructions.

    Le baptistère des Orthodoxes : le baptême du Christ

    Voyage en Italie : six villes, six styles

    Construit entre 400 et 450, le baptistère est le plus ancien édifice de la ville. Similaire au baptistère des Ariens, construit sous Théodoric, le bâtiment est de forme octogonale, symbole du Dôme du rocher de Jérusalem et des sept jours de la création plus un de la résurrection (8 au total). Il abrite une grande vasque en son centre, également de forme octogonale, qui servait de fonds baptismaux. 

    Voyage en Italie : six villes, six styles

    La mosaïque de la coupole représente le baptême de Jésus dans le Jourdain. Autour de cette scène, les douze apôtres tiennent un codex (la Bible). Enfin, une grande mosaïque court le long des murs de l’édifice, dans un style typiquement byzantin, qui rappelle l’intérieur d’un palais ou d’une basilique, avec l’Evangile posé sur un trépied.

    Voyage en Italie : six villes, six styles

    En 493, la Péninsule italienne tombe sous le joug des Ostrogoths. A leur tête, Théodoric le Grand. Théodoric le Grand est le neveu d’un roi Ostrogoth. Il a grandi à la cour de Constantinople, et a donc bénéficié d’une éducation classique riche et jouit d’une double culture : goth et romaine. Chargé par l’Empereur de plusieurs campagnes pour reconquérir des territoires perdus, Théodoric finit par conquérir l’Italie, après avoir marcher sur Milan, puis assiégé Ravenne pendant trois ans. Il colonise également une partie des Balkans et se proclame alors roi de ce vaste territoire. La culture de l’Empire ne disparaît pourtant pas totalement, et les traditions barbares et romaines vont cohabiter.

    Théodoric lance une politique de continuité avec Byzance. Il respecte l’administration romaine, et laisse le Sénat à Rome. Ravenne reste la capitale du royaume et la cour s’installe dans la cité. Sur le plan artistique, son règne est marqué par la construction de nombreux palais et de basiliques, dont celle de Saint-Apollinaire-le-Neuf. Il lance également les travaux de Saint-Vital.

    En 535, Justinien Ier, empereur d’Orient, utilise l’assassinat de la fille de Théodoric, la reine Amalasunte, comme prétexte pour intervenir dans la Péninsule. Il se pose en vengeur de sa mort, et mène plusieurs campagnes militaires particulièrement violentes pour reconquérir le territoire. En 540, Ravenne est reprise, et en 552, l’intégralité de la Péninsule. Mais le pays est ravagé, et tout est à reconstruire.

    Justinien Ier fait de Ravenne un exarchat, une circonscription administrative de l’Empire. Il relance des travaux de construction, notamment celui de la Basilique de Saint-Vital.

    Saint-Vital : l’apothéose

    Voyage en Italie : six villes, six styles

    Installé près du mausolée de Galla Placida, le bâtiment est proche des églises de l’Empire Byzantin : un plan allongé, proche de celui de l’Eglise de Saint-Serge-de-Constantinople, des mosaïques au fond doré et aux couleurs vives, des visages aux yeux en amande et des représentations simples et narratives autant religieuses que profanes. 

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    Voyage en Italie : six villes, six styles

    Le lien avec l’antiquité est notable par les piliers, le marbre, le stuc, l’ivoire et la coupole, installée au point le plus haut de l’édifice, et qui permet un vrai puits de lumière céleste. Les symboles chrétiens sont eux notables dans le sens de déambulation, dans les nombreux motifs de croix et les scènes religieuses. La basilique, consacrée en 547, marque encore une fois une volonté de continuité de la tradition romaine d’Orient.

    Voyage en Italie : six villes, six styles

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    Voyage en Italie : six villes, six styles

    En 741, le nord de l’Italie tombe dans les mains des Lombards.

    A voir aussi : le musée archiépiscopale de Ravenne, et son oratoire de Saint-André couvert d’oiseau et d’un ciel étoilé.

    Milan

    Voyage en Italie : six villes, six styles

    Située  en Lombardie, dans le nord de l’Italie, la ville de Milan est sans doute celle qui connaît l’une des histoires les plus tourmentées de la Botte avec Naples.

    Elle nait en 400 avant J.C. des raids celtes, initialement installés de l’autre côté des Alpes, et devient romaine en 222 avant J.C. Milan devient la capitale d’Empire romain d’Occident de 286 à 402.

    Ce ne sera qu’à partir du XIe siècle que la cité reviendra sur le devant de la scène. Le modèle urbain est alors en plein renouveau. Le concept de la ville explose en Italie du Nord à partir de l’an mil. Les conditions de vie se sont améliorées et la natalité est en hausse, conduisant à de nouveaux besoins. On déboise et on assainie les marécages pour créer des villes nouvelles aux allures de petites capitales. Une élite dirigeante dynamique se regroupe pour assumer et contrôler la ville de façon indépendante, sans être sous la tutelle d’un roi ou d’un empereur. Elle gère ainsi les affaires du peuple sous la délégation de l’évêque à travers le palais municipal ou communal. Ainsi, la commune de Milan naît en 1097.

    Au XIIIe siècle, la période se trouble et la région devient instable. Milan compte alors 100 000 habitants, deux fois plus que Paris, Florence ou Rome. Contrairement à Florence, Milan reste sur un modèle républicain et choisit de s’appuyer sur une institution seigneuriale. Un représentant, issu d’un lignage illustre, avec des moyens financiers et militaires pour gouverner se voit confier les clefs de la cité : la famille Visconti. De 1277 à 1447, les Visconti vont développer la spéculation immobilière, le commerce, notamment de la draperie et la banque. Milan devient l’une des places financières les plus importante d’Europe mais également un haut lieu du christianisme.

    En 1450, ce sont les Sforza qui arrivent au pouvoir, en partie grâce à une alliance avec le roi de Naples. La ville est néanmoins encore instable, et entre 1395 et 1796, elle connaîtra la domination de la France, des Habsbourg d’Espagne et de l’Autriche.

    Malgré ces périodes troublées, les Sforza font prospérer le Milanais très rapidement. A la fin du XVe siècle la ville accueille 1 million d’habitants.

    Le château des Sforza: les prémices de la Renaissance

    Voyage en Italie : six villes, six styles

    Les Sforza sont notamment de grands bâtisseurs, à qui on doit entre autre le Château des Sforza. Petite fortification romaine, transformée en citadelle par les Visconti, Francesco Sforza, duc de Milan au XVe siècle, en fait une véritable place forte, qui sera la plus importante d’Europe au XVe et XVIe siècle. Une première série de travaux débutent en 1450, à partir d’un plan rectangulaire flanqué de 4 tours. L’édifice est alors agrandit et décoré.

    Voyage en Italie : six villes, six styles

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    Voyage en Italie : six villes, six styles

    Voyage en Italie : six villes, six styles

    Le plan reste carré, avec ses portes et ses tours d’angles défensives. D’apparence médiévale, le château comporte quelques éléments renaissants, construits sous Ludovic le More, qui devient duc en 1494. Les travaux se poursuivent, mais le nouveau duc souhaite faire de Milan une place artistique. Les murs se couvrent de fresques au bestiaire exotique : éléphant. 

    Voyage en Italie : six villes, six styles

    Le prestige européen de la cour des Sforza attire des artistes renommés, comme Bramante, Zenale et Léonard de Vinci, qui a trouvé refuge à Milan. C’est ce dernier qui décorera les appartements ducaux, appelés la salle d’Asse. 

    Voyage en Italie : six villes, six styles

    Bramante dote le château d’une élément renaissant : la Ponticella.

    Voyage en Italie : six villes, six stylesGiovanni Dall’Orto pour Wikipedia

    Cependant, la cour ducale garde un côté très médiéval, les intrigues et les alliances vont et viennent, et favorisent l’apparition de clans, qui s’opposent à la famille en place. Ces changements d’alliances expliqueront en partie les changements de mains du duché.

    Après la chute des Sforza, le château devient une caserne militaire espagnol. Le château connaîtra par la suite de nombreux assauts, qui endommageront la bâtisse. Des travaux de restaurations sont entrepris entre 1890 et 1905, mais avec pour consigne de respecter le style d’origine, ce qui permet au château de garder son aspect de forteresse médiévale : torre del Filarete. Après de nouveaux endommagements pendant le Seconde Guerre Mondiale, le château connaît une dernière restauration, entre 1990 et 2000. Aujourd’hui, il accueille 5 musées, et il est possible de visiter une très grande partie de l’édifice.

    Le Duomo: l’emblème

    Durant le XIVe siècle, à quelques mètres du château, un autre édifice emblématique de la ville de Milan se dessine. Ravagé par un incendie en 1070, un édifice chrétien du Ve siècle s’apprête à devenir la troisième plus grande église du monde : la cathédrale de la Nativité-de-la-Sainte-Vierge, plus communément appelé le Duomo. La reconstruction débute en 1393 et s’achèvera en 1892. En 1572, on se décide finalement à consacrer l’édifice. Bien que la construction se soit déroulée sur 5 siècles, la cathédrale est en très grande partie de style gothique.

    Comme le château des Sforza, le Duomo a connu plusieurs destructions, et a notamment été bombardé pendant la Seconde Guerre Mondiale. Sa dernière restauration date de 1962.

    Malgré sa transformation à l’époque médiévale, l’architecture milanaise comporte principalement des éléments du XIXe siècle.

    La cité ducale joue en effet un rôle important dans le Risorgimento, c’est à dire le courant de révolte de plusieurs villes italiennes qui a permis d’obtenir l’unité italienne.

    La Galerie Victor-Emmanuel II: l’ère de la réunification

    Voyage en Italie : six villes, six styles

    Pour faire simple, durant les 5 jours de Milan, des insurgés se révoltent contre l’occupant autrichien entraînant l’intervention du roi de Sardaigne, Charles-Albert. Le mouvement s’étendra par la suite à l’ensemble de la péninsule et la réunification sera faite sous son fils, Victor-Emmanuel II, qui devient en 1861 le premier roi d’une Italie réunifiée. Les rues et les boulevards fleurissent à sa gloire, et à Milan, l’hommage prend la forme d’une galerie, qui marque le passage de la place médiévale du Duomo à un nouveau quartier, celui de la Scala. La construction va durer 11 ans, elle sera inaugurée en 1878. Elle se compose d’un arc de triomphe qui fait office de porte sur la place du Duomo. Le plan est en croix latine, avec une coupole centrale. L’architecture est de style néo-classique baroque.

    ON A TESTE LA SCALA DE MILAN

    Aujourd’hui, Milan reste une ville attractive, renommée pour la mode, l’art, mais sans doute moins pour ses trésors patrimoniaux.

    Florence

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    Fondée en 59 avant J.C., la ville, édifiée sur les bords de l’Arno, reste sans grand intérêt architectural jusqu’à la fin du Moyen Âge. Florence sort d’un long sommeil et entame une véritable mutation styliste à partir du XIIe siècle : la Renaissance. Le développement artistique, lié à la famille très célèbre famille Médicis, permet à la ville de Florence de tenir un rôle important sur la scène italienne jusqu’au  XVIe siècle.

    Comme Milan, Florence voit naître le développement de la commune et le principe de la République, plusieurs familles se succédant à la tête de la Cité-Etat.

    Ville de marchands, dont le pouvoir croit à partir du XIIIe siècle, et ville de la très puissante corporation des changeurs et des banquiers, Florence débute sa mutation avec la création du florin, la principale monnaie du Moyen-Âge.

    Après la peste noire de 1348 qui décime la moitié de la population de Florence, plusieurs clans se disputent le contrôle de la ville. En 1434, la famille de Médicis s’empare du pouvoir, qu’ils tiendront jusqu’en 1743.

    LES MEDICIS: ON ZAPPE OU ON MATE

    Le Palazzo Vecchio : le lieu de la République

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    Le Vieux Palais est l’hôtel de ville de Florence.  Il est construit sur la Place de la Seigneurie, près de la Loge des Lanzi et de la Galerie des Offices.

    Sa construction débute en 1299 pour abriter les membres de la seigneurie, en charge de la gouvernance de la ville. Dans la première moitié du XIIIe siècle, la sécurité de ces seigneurs dans une ville troublée offre au palais une seconde vague de travaux pour lui donner un côté forteresse, parfaitement illustrée par la tour d’Arnolfo. Le beffroi a également une fonction de tour de guet, avec un chemin de ronde. 

    Voyage en Italie : six villes, six styles

    Voyage en Italie : six villes, six styles

    Voyage en Italie : six villes, six styles

    Dans la seconde partie du siècle, le palais est embelli pour illustrer la puissance de Florence. Ainsi, sur la façade principale, celle qui donne sur la Place de la Seigneurie, des blasons narrant l’histoire politique de la ville sont ajoutés.

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    L’édifice est également orné de fleurs de lys, le symbole des rois de France. C’est Louis XI qui a octroyé ce privilège à Pierre de Médicis (le fils de Cosme, le fondateur de la lignée).

    Les Médicis font appel à de nombreux artistes pour décorer l’édifice : Botticelli, Ghirlandaio, le Pérugin. Léonard de Vinci, avant son départ pour la cour de Milan, réalise les fresques de la salle des Cinq-Cents.

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    Les constructions s’enchaîneront par vague au cours du XVe puis du XVIe siècle, transformant la forteresse communale en un palais résidentiel. En 1865, Florence devient la capitale du royaume. 

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    Le Palazzo Vecchio subit alors des modifications, avec la naissance de la Salle Rouge.

    La cathédrale Sainte-Marie-des-Fleurs : une dispute pour une coupole

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    Cathédrale emblématique de Florence, sa construction débute au XIIIe siècle. Elle délimite le cœur historique de Florence. La cathédrale innove en intégrant de nouveaux éléments à une construction initialement gothique, et esquisse un style nouveau, celui de la Renaissance. Le bâtiment doit aussi et surtout sa renommée à sa coupole, édifiée en 1436 par Brunelleschi, suite à un concours lancé en 1418 pour couvrir la cathédrale ou tout du moins pour encourager l’invention d’une machine capable de soulever les matériaux de construction à des hauteurs inédites à l’époque. Plusieurs architectes se présentes, dont Brunelleschi et Ghiberti. Les échanges sont vifs, jusqu’à ce que Brunelleschi présente son projet à l’aide d’un œuf dont il écrase la base. L’œuf tient, la forme de la coupole est arrêtée et Brunelleschi gagne le concours. L’épisode est connu sous le nom de la dispute de l’œuf et nous est parvenu grâce au récit de Vasari.

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    La construction de la coupole va durer 16 ans, avec une interruption d’un an, suite à l’exil des Médicis. La décoration revient à Vasari et l’ensemble de la cathédrale est achevé en 1579.

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    La Galerie des Offices : des bureaux au Musée

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    La Galerie des Offices, qu’on prend souvent pour le musée, est en fait un palais florentin du XVIe construit à l’initiative de Cosme l’ancien par Giorgio Vasari (célèbre pour ses ouvrages Les Vies qui présentent les différents artistes de son époque). L’édifice a été érigé pour abriter des bureaux, mais Vasari va proposer une forme nouvelle et innovante avec un plan en U sur deux niveaux, qu’on parcourt encore aujourd’hui.

    ON A TESTE LA GALERIE DES OFFICES

    Le palais renferme depuis 1765, le musée des Offices, où est présenté des collections principalement italiennes s’étendant de la fin du Moyen-Âge au début de l’époque moderne (1850). Constitué en partie à partir des collections des Médicis, le musée regroupe sur 8 000 m2 des toiles très célèbres, comme la Naissance de Vénus de Botticelli, la Vénus d’Urbin de Titien ou encore la Méduse du Caravage.

    Voyage en Italie : six villes, six styles

    Aujourd’hui, en plus de visiter le musée, il est possible de réserver une visite du couloir de Vasari, la galerie secrète utilisée par les Médicis pour leurs allers et venues, qui part du Palazzo Vecchio, traverse la Galerie des Offices, le Ponte Vecchio et débouche dans le Palazzo Pitti.

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    Naples

    L’histoire de Naples nait au VIIIe siècle avant J.C. Des colons grecs s’installent sur les côtes du sud de l’Italie. De ces arrivées naîtront Paestum puis Pompéi. La ville se ressert après l’éruption du Vésuve et se développe à quelques kilomètres des villes ensevelies. Naples reste une ville secondaire, mais sa situation la rend attractive, la faisant ainsi passer  sous  domination normande, avec Roger II qui fonde le royaume de Sicile, angevine, espagnole avant d’être indépendante en 1759.

    ON A TESTE POMPEI

    Après 200 ans de domination étrangère, Naples goûte enfin à l’indépendance, qu’elle obtient grâce à Charles III, qui scinde le royaume espagnol en deux entités. Naples et la Sicile sont données à son troisième fils, Ferdinand Ier, qui n’a que 8 ans. Au début du XIXe siècle, le jeune prince donne à son royaume un nom : le royaume des Deux-Siciles. Cette autonomie sera brièvement entravée par Napoléon Bonaparte, qui installe sa sœur Caroline et son beau-frère Murat sur le trône napolitain. Après 10 ans de règne, la famille est destituée et Ferdinand IV retrouve sa couronne jusqu’en 1861, date de la réunification de l’Italie.

    Dans cette période troublée, un style va s’imposer pour donner une identité au territoire : le baroque. Le style et surtout l’architecture baroque nait à Rome au début du XVIIe siècle. Il est l’héritage du style maniériste, et notamment celui de Michel-Ange mais est aussi la manifestation de la Contre-Réforme instaurée dès 1542. L’Eglise prone un retour aux sujets religieux et à la pudeur. Les lignes deviennent tortueuses, la décoration est exubérante, le stuc retrouve ses lettres de noblesse. A Naples, ce sont les artistes toscans qui importent ces formes nouvelles.

    Église San Giorgio dei Genovesi : la naissance du baroque

    Elle est l’œuvre de Bartolomeo Picchiatti. Née sur une ancienne église. Elle date du début du XVIIe siècle et est typique du style baroque napolitain, avec sa coupole, sa façade géométriques, ses stucs et ses décors du Caravage. Aujourd’hui fermé, le lieu a obtenu en 2014 un accord pour être déplacé au sein du Musée de Naples.

    Le Palazzo Reale: le baroque à la conquête des Grands

    A la même époque, l’architecture civile expérimente également le baroque. Le Palazzo Reale, construit en 1600, innove avec son plan romain, ses colonnes en granite, ses formes géométriques, ses baies vitrées qui rendent les pièces lumineuses et ses cours aménagées.

    Le lieu a été édifié pour accueillir le roi d’Espagne Philippe III, qui n’est jamais venu. Le palais devient la résidence des vice-rois d’Espagne puis des Bourbons.

    Le bâtiment se découpe en deux parties : le rez-de-chaussée, qui est public, et l’étage, qui est privé et qui sert de lieu d’habitation pour toute la famille. L’extérieur est aménagé et décoré de colonnes et de sculptures.

    Dans les années 1690, deux tremblements de terre endommagent la ville.

    Et en 1837, un incendie ravagera une partie de l’édifice, qui sera restauré deux décennies plus tard.

    Au XVIIIe siècle, le style baroque est finissant. Le château de Versailles a rayonné dans toute l’Europe. La jeune royauté est envieuse et décide de rivaliser avec la demeure du roi de France. Naples se lance ainsi dans le chantier du palais royal de Caserte.

    Le Palais de Caserte: quand Versailles s’impose en Italie

    Situé dans la périphérie de Naples, le palais devient la résidence des Bourbons de Naples en 1774.

    La construction a été lancée vingt ans auparavant. Le style baroque a laissé place à l’influence classique, avec des formes plus rigoureuses, plus équilibrées. Les sculptures encadrent les angles de la façade. Un grand escalier central reliait les deux niveaux. 

    Enfin, un parc boisé de 120 ha avec des bassins rappelle à s’y méprendre le jardin du château de Versailles. 

    Les Bourbons y poussent la copie jusque dans la salle de bain, où l’on trouve le premier bidet en état de marche d’Italie.

    A la fin du xixe siècle, Naples cèdent aux appels d’un nouveau style : l’art nouveau, qui colonise rapidement les nouveaux quartiers de la cité napolitaine.

    Tarente et les Pouilles

    Voyage en Italie : six villes, six styles

    L’histoire de l’Italie débute véritablement dans les Pouilles, lorsque des colons grecs débarquent au VIe siècle sur les côtes de la Péninsule, avant de se mélanger aux populations autochtones présentes sur le territoire.

    Les Grecs créent des comptoirs commerciaux et commencent leur échange dans la méditerranée. Ils importent aussi leurs cultures et leurs croyances. Les comptoirs prennent lentement la forme de ville de plan grec.

    C’est le cas de Tarente, fondée en 706 av J.C par quelques Grecs guidés par l’oracle de Delphes. On sait que cette naissance relève plus du mythe, et que la ville de Tarente est plus ancienne, car son port est connu dès le XVe siècle.

    Pendant l’époque médiévale, la région va connaître différentes dominations : les ostrogoths, l’empire byzantin dont la ville de Tarente se sent naturellement proche car fondée elle aussi par des Grecs, puis les normands, le Royaume des deux-Siciles et enfin le royaume d’Italie. Mais durant ces différentes dominations, les Pouilles se replient sur elles-mêmes et la population développe une culture qui lui est propre. Même si les styles architecturaux, et surtout le Baroque, sont présents dans les villes apulienne, la région reste sauvage et peu urbanisée.

    La région des Pouilles, comme une très grande partie du Sud de l’Italie, est restée en sommeil, ignorée du reste de la Botte jusque dans les années 90. Avec l’apparition du tourisme et les politiques culturelles européennes de valorisation de la culture locale, les responsables régionaux ont compris qu’il avait la possibilité d’attirer les touristes en jouant la carte nature et culture. Le cinéma et la musique se sont chargés de promouvoir la culture et le mode de vie de l’ancienne Apulie.

    Polignano a mare s’est ainsi vue qualifiée de ville la plus photogénique du monde.

    Les tarentelles et les pizziche, qui ont désormais leur concert annuel avec la Notte della Taranta. Et il est encore possible d’entendre une discussion dans le dialecte local issu du grec ancien, le gryko.

    ON A TESTE LA NUIT DE LA TARANTELLE

    Les trulli, ces habitats ruraux à la forme si caractéristique ont obtenu la protection de l’Unesco. A Alberobello, les reconstructions ont permis de recréer un village de trulli, dont certains sont visitables.

    Voyage en Italie : six villes, six styles

    Voyage en Italie : six villes, six styles

    Voyage en Italie : six villes, six styles


    Aujourd’hui, l’authenticité des Pouilles attire chaque année plus de visiteurs, sans pour autant renoncer à ses valeurs. La région est restée sauvage et il y a peu de structures d’accueil touristique. Le temps semble s’y être arrêté.

    Voyage en Italie : six villes, six styles

    Et aujourd’hui ? L’histoire de l’Italie continue, mais une partie s’écrit désormais ailleurs.



    Histoire de l’Italie, des origines à nos jours, Pierre Milza, Pluriel, 2013

    Florence et les Médicis, GeoHistoire, n°23

    Wikipedia

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