Il y a certains pays qui peuvent compter sur leur patrimoine physique pour attirer les visiteurs, d’autres sur leur culture singulière. Et puis il y a les contrées qui ont un autre héritage à offrir à l’Humanité : celui de la nature.

Bien sûr, offrir aux visiteurs des forêts et des animaux n’est pas toujours suffisant, mais lorsque les habitants du pays ont reçu une vraie culture du respect de la nature, l’expérience est bien plus enrichissante. Destination le Costa Rica, petit pays d’Amérique Centrale, qui a su miser sur son patrimoine naturel.

Quelques repères

Bordé à l’ouest par l’Océan Pacifique et à l’Est par la Mer des Caraïbes, le Costa Rica offre de nombreuses plages restées relativement sauvages. Il n’est pas impossible d’y croiser des singes, des raies, de nombreux oiseaux sur la plage, ou d’avoir à quelques mètres de soi des crocodiles.

Un capucin, très facilement visible aux abords de notre hôtel, le Dreams las Mareas

Au Nord, le Costa Rica a une frontière directe avec le Nicaragua, et au Sud avec le Panama. Le centre du pays est composé de plusieurs cordillères, dont certaines abritent des volcans encore actifs, mais dont l’accès aux cratères est interdit.

Vue sur le Rincon de la Vieja, volcans situés au nord-ouest du pays

Il n’existe que deux saisons au Costa Rica : la saison sèche, qui correspond à l’été en Europe du Sud, et la saison des pluies, bien que leur intensité soit variable d’une région à une autre. Qui dit pays tropicale dit une chaleur modérée, mais un très fort taux d’humidité, pour le plus grand plaisir de la flore.

Le petit État d’Amérique Centrale est peu peuplé (5 millions d’habitants), et possède de nombreuses forêts (50% de son territoire), dont certaines sont primaires (c’est-à-dire non modelées par l’homme). 6% de la biodiversité mondiale se trouve au Costa Rica.

Les grues blanches aiment particulièrement les zones humides comme le Palo Verde

Cascades et retenues d’eau froide aménagées au Rincon de la Vieja.

Les ponts suspendus du Parc de l’Arenal

Boudé par les colons espagnols, à la recherche d’or et d’argent, le territoire a été protégé de l’industrialisation, et a pu conserver son caractère sauvage. Il existe également peu de vestiges archéologiques révélateurs d’une culture forte et dominante.

Bien que le pays soit très agricole, le Costa Rica a fait des choix stratégiques pour se protéger et protéger son environnement. Depuis 1948, il n’existe plus d’armée dans le pays. Les financements ont été réaffecté dans l’éducation et la santé, ce qui permet à 97% des ticos de savoir lire et écrire (contre 80% au Nicaragua), et au pays de compter de nombreux centenaires. Ces choix politiques ont été accompagnés d’une décision cruciale pour le petit pays : faire de la nature un élément culturel central.

L’animal emblématique du Costa Rica: le colibri

Des perroquets verts: on les entend beaucoup chanter...

Dans les années 1970, le tourisme de masse se développe, et de nombreux pays succombent à la tentation de bétonner et de construire pour attirer les masses. Le Costa Rica garde sa ligne de conduite, et protège pour mieux valoriser son bien.

Aujourd’hui, 30 % du territoire du Costa Rica est protégé. La population doit jusqu’à demander l’autorisation pour couper un arbre mort. Et le pays a décidé de ne pas s’arrêter en si bon chemin, puisqu’il prévoit de devenir un pays neutre en carbone d’ici 2050. 

La nature comme culture

On sait que la culture est un très fort liant social. Pour rassembler une population autour d’une idée de nationalité ou de communauté, il faut lui trouver des caractéristiques communes : une culture, une religion, une langue ou une histoire.

Le Costa Rica reste un pays a faible densité de population. Difficile de rassembler autour d’une culture commune...

... même de celle du café

Au Costa Rica, avant l’avènement de la Seconde République en 1948, le pays était divisé territorialement. Une crise économique avait frappé le pays dans les années 1930, suivi d’un punch et d’une guerre civile, qui secouait encore le territoire. A son arrivée, le président José Figueres Ferrer entreprend une politique pour stabiliser économiquement et politiquement le pays. Il met en place une constitution dans lequel apparaît un « droit à un environnement sain et écologiquement équilibré ». Son successeur Daniel Oduber Quiros place la lutte contre la déforestation et la préservation des ressources naturelles, menant vers la « paix à la nature » déclaré en 2007 par le président Oscar Arias Sanchez. Malgré les difficultés économiques, les différents gouvernements ont réussi à préserver mais aussi à rassembler les habitants autour d’une culture de la nature.

Pour ne pas couper l’arbre, la route a été construite autour

Aujourd’hui, le Costa Rica est la première destination écotouriste mondiale. Et que ce soit autour de la piscine d’un hôtel ou en pleine jungle, cette paix à la nature saute immédiatement aux yeux. Tous les Ticos sont sensibles à leur environnement, et ont décider d’accepter les caprices de Mère-Nature ou la proximité de certains animaux sauvages. Chacun cohabite, dans le plus grand respect. Vous ne verrez donc pas un barman chasser les abeilles qui tournent autour des bouteilles d’alcool, ni un responsable tenter de faire peur à un raton-laveur. Bien au contraire, les Ticos laissent les animaux (certes pas les plus dangereux) libres d’interagir avec les humains. Une vraie notion de tolérance est évidente.

Les oiseaux, premiers profiteurs de la présence humaine, ici un geai à face blanche posé sur le comptoir d’un bar

Un raton-laveur qui n’hésitait pas à rechercher de la nourriture dans les poubelles de l’hôtel. La personne du staff l’a regardé chercher, manger ses 4 chips puis à nettoyer.

Au bord de la piscine, un iguane se dore la pilule au soleil.

Lors des échanges avec les locaux, le visiteur se rend vite compte que le respect est sincère et profond, et qu’aucun instant l’interlocuteur n’envisage contrarier ce qui l’entoure.

L’importance de la nature pour la population est partout : jardins autour des habitations, panneaux explicatifs dans les hôtels, et même panneaux informatifs près des lieux touristiques, comme sur cette plage : ici vivent des crocodiles. Les nageurs sont avertis…

La plage del Jobo...

... les abords de la plage...

... et l’avertissement: attention ici vivent des crocodiles

Idem dans cet hôtel proche du volcan Rincon de la Vieja, mais pour signaler la présence de caïmans

Vivre « le Costa Rica » : l’échange essentiel avec un guide

Pour chercher à comprendre cette culture un peu singulière, la meilleure solution est d’échanger avec le médiateur culturel local : le guide. Certains le qualifieront de guide touristique, nous nous préférons l’appeler un guide, tant sa fonction se rapproche de celle d’un gourou.

Pas d’arrières pensées, il s’agit d’une cabosse de cacao, ouverte et dégustée sur une route montant au Rincon de la Vieja.

Nous rêvions de voir des toucans, notre guide les a traqué pour s’assurer que nous verrions toutes les espèces existantes. Nous sommes désormais des experts.

Car sous ces airs d’homme polyvalent, le guide du Costa Rica ne perd jamais comme mission de transmettre sa culture à ceux qui l’accompagnent. Tout est prétexte à expliquer et à comprendre, et les guides sont toujours disposés à discuter et à analyser ce qui les entoure. Vous ne serez donc pas étonné des très longs discours, des démonstrations, de la recherche parfois pousser pour vous montrer un animal ou une plante emblématique de la région. Le guide fait preuve d’une vraie abnégation, il partage sans attendre rien en retour, un peu comme si la nature était sa religion.

Sans un guide, difficile de voir ce crocodile caché le long de la rivière du Palo Verde...

...ni d’apercevoir cet iguane de presque 2m de long couché sur la cime d’un arbre au Palo Verde...

... et encore moins de repérer un paresseux dans le Parc National de l’Arenal

Ce respect est tel qu’il n’est pas surprenant de voir deux guides se soutenir mutuellement pour tenter de sauver une abeille tombée malencontreusement dans un verre de jus de fruit, le premier soufflant délicatement sur l’animal pour lui faire reprendre connaissance et le second analysant les signes de vie de l’animal.

Des pommes d’eau, étranges fruits que notre guide a cueilli pour nous les faire goûter

Celui qui prend le temps de côtoyer un guide en ressortira grandi. Comme quoi, il n’y a pas besoin de beaux monuments ou de collections prestigieuses pour qu’une nation puisse offrir au monde sa culture.

A nos guides Owen, Daniel, Livingstone et Ricardo, qui nous ont offert un peu de leur savoir lors de notre séjour

Nous avons passé 10j au Costa Rica, lors de la saison humide (août), près de Liberia, à l’hôtel Dreams las Mareas, hôtel parfait en tout point, et notamment pour profiter de la plage et de la nature. Plusieurs visites guidées sont proposées au départ de l’hôtel, dont le Palo Verde, le volcan Arenal et le Rincon de la Vieja. Attention, le Costa Rica est un pays cher, surtout si vous souhaitez faire plusieurs excursions dans la nature. Prévoyez un budget conséquent.