Inauguré en 1995, le Musée Départemental est né d’un besoin mais également d’un souhait. Au-delà de la mise en valeur des collections archéologiques de la ville, la volonté de créer une Cité à mi-chemin entre l’Historial et le laboratoire d’Archéologie avait de quoi surprendre à l’époque. Depuis, le Musée bleu s’est imposé comme une référence en matière archéologique.

Ce qu’il faut savoir

L’histoire d’Arles présente bien des points communs avec l’histoire de Narbonne ou de Nîmes : un oppidum celtique qui devient petit à petit une ville romaine d’envergure. Dotée de constructions monumentales, symbole de la culture romaine, la cité perdra de son influence à la chute de l’Empire.

La ville d’Arles se distingue néanmoins par une spécificité : son investissement précoce pour la sauvegarde de son patrimoine historique.

Dès 1614, les autorités locales planifient l’installation d’une Maison Commune qui présente aux habitants les objets découverts dans le sous-sol arlésien. Ces biens entrent dans les collections de la ville et profitent d’une protection. Le hall d’entrée puis des Jardins d’Antiquité viennent renforcer la première structure au cours du XVIIIe siècle.

En 1826, les collections sont à l’étroit, et transférées vers l’église Sainte-Anne. En 1936, ce problème se pose à nouveau, obligeant l’annexion de la chapelle des Jésuites. Les collections sont divisées. La nécessité d’un nouveau musée pour les réunir ne naîtra pourtant pas avant 1968.

Le nouveau musée est pensé comme un lieu dédié à l’archéologie. Il y présentera les collections issues de fouilles mais comportera également un centre de recherche et un laboratoire de restauration de mosaïques. Le projet obtient le feu vert en 1995 et c’est Henri Ciriani, architecte au style contemporain qui est choisi avec son projet de Cité muséale. Celui qu’on surnommera le Musée Bleu est installé sur les bords du Rhône, sur l’ancien cirque romain.

En 2004, les archéologues découvrent un chaland. Ce bateau à fond plat gallo-romain servait à transporter des marchandises le long du fleuve. Le navire, construit en chêne, sapin et frêne dans les années 66, mesure 3m de large et 31m de long. Il se démarque des autres vestiges de par son incroyable état de conservation. La découverte est exceptionnelle, tout comme son extraction et sa restauration. Son entrée dans les collections du Musée est une évidence, mais sa présentation est compromise par un manque de place. Une extension voit donc le jour en 2012 pour accueillir ce trésor national.

Une extension qui ne nuit en rien au bâtiment ni au parcours de visite.

La visite

Oeuvres monumentales et muséographie aérée

Le Musée départemental regroupe des collections datant de l’an 3 000 avant J.C. jusqu’en 536, date de la conquête de la Cité par les Wisigoths.

L’Hortus à l’extérieur du bâtiment

La visite débute à l’extérieur, sur les vestiges de l’ancien cirque, aujourd’hui transformé en jardin d’inspiration romaine, l’ « Hortus ».

L’autel d’Apollon, marbre de Carrare, théâtre antique d’Arles, Ier avant J.C.

Vases, amphores et lampes à huile en céramique, Arles et Turquie, milieu du Ier siècle

Le parcours de visite du musée est simple. La scénographie est épurée, et laisse place à de réels faces à faces avec les œuvres, et notamment avec les œuvres monumentales qui composent une très grande partie des collections.

Arles avant les romains: des échanges avec la Grèce

Silos et colonnes aux dimensions colossales

On retrouve des objets très éclectiques, typiques de la civilisation romaine : mosaïques, verrerie, statues, silos.

Le buste de César, retrouvé dans le Rhône: marbre, dimension d’une tête humaine, Ier siècle après J.C.

Vue sur le chaland retrouvé dans le Rhône

Bien sûr, la richesse du musée ne s’arrête pas à l’exceptionnel chaland, mais force est de constater que le Buste de César, longtemps objet des convoitises, se fait littéralement volé la vedette par le navire et sa cargaison. Car grâce à la mise en scène de l’extension, le visiteur comprend rapidement l’importance de cette découverte. 

Scénographie autour du chaland

Le chaland et l’extension

Alors que le reste du musée est très épuré, les collections sont ici plus nombreuses, présentées en accumulation, et contribuent largement à rendre l’extension vivante. On note une vraie démarcation entre les deux espaces. Un film d’une vingtaine de minutes sur la découverte du navire vient ajouter au spectaculaire une touche d’extraordinaire. Simple, efficace, accessible, il complète parfaitement la présentation.

Le buste de Vénus, marbre, théâtre antique d’Arles, Ier siècle avant J.C.

Acrotère en forme de masque de théâtre, Baux-de-Provence, Ier siècle

La visite reprend ensuite son cours. Certes la scénographie est différente, mais la visite n’en est pas pourtant moins agréable, moins sensationnelle. Les dieux et les héros s’opposent aux objets du quotidien, les mosaïques habillent les derniers espaces du musée, avant de céder leur place aux sarcophages.

Mosaïque dite d’Aiôn, découverte dans une domus en 1983 et déposée en 1992

Sarcophage aux arbres, scènes du Nouveau Testament, époque paléochrétienne

Un musée aux collections spectaculaires qui n’étouffe pas les visiteurs sous le poids des œuvres.

Mon avis

Le Musée Départemental peut se vanter d’avoir l’une des plus belles collections d’Antiquité romaine de France. Avec ses très belles pièces, il aurait pu tomber dans le piège du musée de contemplation. Mais grâce à une très belle réflexion, il devient un lieu dédié à l’archéologie, de ses missions à sa valorisation.

https://www.arlesantique.fr/

Tarif plein: 8€

Tarif réduit: 5€

Gratuit les premiers dimanche du mois

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