[Prolongation] On a testé l’exposition Chtchoukine à la Fondation Louis Vuitton (75)
illustration article
  • Description
  • Lieu & Horaires
  • Tarifs
  • Synopsis

    L’exposition regroupe un ensemble de 130 œuvres provenant de l’ancienne collection d’un visionnaire russe, Sergueï Chtchoukine.

     

    Ce qu’il faut savoir

    Serguei Chtchoukine est assez peu connu en Occident, alors qu’il est à l’origine de la plus grande collection de tableaux d’avant-garde français.

    Il est né d’un père industriel russe et d’une mère issue d’une famille de marchands de thé, dont l’un de ses membres sera le médecin personnel de Nicolas II. Petit, Serguei souffre de bégaiement, que son père l’envoie soigner en Allemagne. Guéri, il devient un négociant brillant et un fin manager. Il épouse en 1884 Lydia Grigorievna, riche héritière d’une famille d’exploitant de mine à charbon. Ils auront 4 enfants. En 1886, son père lui offre le palais de Troubetskoï à Moscou, où la famille s’installe.

    En cette fin de XIXeme siècle, la Russie connaît une période de prospérité qui profite à la classe moyenne, qui achète alors en masse du textile et des tissus décoratifs. Serguei sait choisir les motifs qui plaisent à ces nouveaux clients, et en plus de faire fortune, il se forge un « œil ». Il voyage aussi beaucoup en Europe, et notamment à Paris, alors capitale de la mode mais aussi de l’art. C’est aussi un homme qui aime la musique moderne. Sous l’influence de ses frères, et particulièrement d’Ivan, installé à Paris, Chtchoukine développe un goût pour l’art, notamment l’art moderne français. Il commence à collectionner, voire amasser, des tableaux qu’il installe dans son palais moscovite. Ainsi, entre 1898 et 1908, il achète 13 Monet, 8 Cézanne, 4 Van Gogh, 3 Renoir, 5 Degas ou encore 16 Gauguin. Il se jette ensuite son dévolu sur un style nouveau à l’époque, et fortement critiqué, celui de Picasso et de Matisse. En 1914, sa collection compte 50 toiles du maître espagnol, dont 36 cubistes.

    Au cours de sa quête, Chtchoukine connaît de nombreux drames dans sa vie. Son fils est retrouvé dans la Moskova gelée plusieurs mois après sa disparition, sa femme décède des suites d’un cancer foudroyant et son second fils se suicide un an après la mort de sa mère. Le bruit court alors à Moscou que la collection est maudite. De plus, le royaume voit d’un mauvais œil cette passion pour l’art français, qu’il accuse de pervertir la jeunesse.

    Dès 1908, Chtchoukine ouvre son palais tous les dimanches aux visiteurs, fier de leur montrer ses œuvres d’art, créant ainsi un noyau de musée. En 1913, il fait publier le catalogue de sa collection. Mais la guerre puis la révolution d’Octobre en 1917 viennent mettre un terme à la passion de Serguei.  Lénine déclare l’ensemble comme étant propriété de la Russie et Chtchoukine prend la fuite vers la Suède avec quelques œuvres. Le petit musée installé dans le palais Troubetskoï reste cependant ouvert, devenant le premier musée d’art moderne occidentale.

    Sergueï Chtchoukine meurt à Paris en 1936. En 1948, Staline mène une campagne contre l’art bourgeois et dissout la collection qui termine dans les réserves des musées de l’Hermitage et Pouchkine.

    Arte a réalisé un très bon documentaire sur la vie de Chtchoukine, que vous pouvez retrouver en replay ici (jusqu’au 29/12) ou en dvd à la boutique du musée.

    Depuis les années 1980, la collection Chtchoukine est de nouveau mise en avant. Plusieurs publications ont retracé l’histoire du collectionneur et de ses œuvres. De vieilles photos (qu’on aperçoit dans l’exposition) ont permis de connaître la répartition des tableaux dans les différentes pièces. Il existe aussi un site qui propose des reconstitutions : attention çà pique les yeux.

    Bien que la collection soit mal connue, contrairement aux œuvres qui la composent, l’exposition était très attendue et constituait aux yeux de nombreux spécialistes le point d’orgue de cette année du tourisme culturel franco-russe.

    Sergeui Chtchoukine, Chtchoukine, Fondation Louis-Vuitton


    L’exposition

    L’exposition s’organise sur 3 niveaux. Elle débute au sous-sol pour terminer au second étage. Un parcours un peu complexe, mais qui est nécessaire pour « souffler » entre les chefs d’œuvre : la virtuosité, les grands formats et la diversité des tableaux présentés peuvent tourner la tête. Les textes sont en français et en anglais, la scénographie est discrète et les tons sont dans les gris noirs donnant ainsi un côté industriel à l’ensemble. 

    La Fondation propose des micro-visites, symbolisées par des petites bulles. Pas besoin de prendre rendez-vous, il suffit de lire les indications qui les accompagnent.

    Les espaces sont assez différents en fonction des niveaux. Le rez-de-chaussée regroupe les œuvres de la fin du XIXe, notamment les tableaux de Monet, Manet ou Puvis de Chavanne. Juste après l’entrée, dans une salle un peu en retrait, un film sur le tableau de Matisse, la Danse, est projeté. La visite se poursuit ensuite dans de grandes pièces séparées par des arcades.

    Chtchoukine, Fondation Louis-Vuitton

    Etude sur le Pauvre Pêcheur, Puvis de Chavannes, Chtchoukine, Fondation Louis-Vuitton

    Le Bois de Boulogne, Matisse, Chtchoukine, Fondation Louis-Vuitton

    Le second niveau débute avec une chronologie de la vie de Chtchoukine et quelques photos de l’intérieur de son palais moscovite sur les murs extérieurs de l’espace d’exposition. L’occasion de découvrir à quel point la maison du collectionneur était remplie à ras bord des œuvres. Ce niveau regroupe les toiles du XXe, avec Gauguin, Matisse et Picasso. Un étage plein de couleur et de vie.

    Eiha Ohipa, Paul Gauguin, Chtchoukine, Fondation Louis-Vuitton

    Chtchoukine, Fondation Louis-Vuitton

    Salle à manger du Palais Chtchoukine, Fondation Louis-Vuitton

    Enfin, le dernier niveau a l’impact de cette avant-garde française sur l’art russe. Une ultime partie qui invite le visiteur à travers des motifs géométriques à comprendre quel rôle peuvent jouer dans l’art les collectionneurs. Avant-gardiste, collectionneur de génie et influenceur, l’exposition résume le génie de Chtchoukine.

    Alexander Exter, Chtchoukine, Fondation Louis-Vuitton


    Mon avis

    Bien que la collection soit amputée d’une grande partie de ces œuvres initiales, l’exposition réussit à restituer l’ambiance de la demeure de Chtchoukine tout en offrant au visiteur la possibilité de redécouvrir un morceau de l’histoire de l’art. Exposition de peinture, il n’empêche que les œuvres présentées sont saisissantes, même si elles sont ultra connues. On va donc découvrir ce trésor en famille, et on profite des mini-visites guidées.

    Source

    http://www.fondationlouisvuitton.fr/expositions/ic...

    http://www.collectionchtchoukine.com/serguei-chtchoukine

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Sergueï_Chtchoukine

    http://www.tv-replay.fr/redirection/30-10-16/serguei-chtchoukine-le-roman-d-un-collectionneur-arte-11986466.html

  • Horaires

    A partir du 20 octobre, sous réserve de changements

    Tous les jours, de 10h à 20h

  • Tarif plein : 16€

    Tarif réduit 1: 10€

    Tarif réduit 2 : 5€

    Tarif famille : 32€